Je suis instit depuis plus de 25 ans, et ma passion c'est de permettre aux enfants de s'épanouir.
Dimanche 31/10/10 : De retour d'un week-end de partage entre enseignants,éducateurs et parents pratiquant la CNV à différents degrés,région sud-ouest, j'en suis ressortie confortée dans mes convictions, enrichie des expériences des uns et des autres ... Bref, une véritable invitation à poursuivre dans cette voie!
Date : V 05/11/10 14h00
Classe : CM2
Effectif : 30 élèves
A propos du déroulement d'une séance d'histoire de France
Me voici donc face à mes élèves après leur avoir dit qu'il était temps de passer à la séance d'histoire ( ils le savaient déjà, puisque le programme de l'après-midi était écrit au tableau !). Ce n'est pas l'enthousiasme général !!!
Ce qui était prévu : Nous devions poursuivre la découverte des changements du XVIIIème siècle, les philosophes, la contestation du pouvoir absolu, la recherhe des libertés, ...
Les enfants avaient sous les yeux le texte de la synthèse qu'ils devraient ensuite recopier, mon but, pour cette 3ème séance ( après une recherche de documents, la constitution en groupes de cartes d'organisation d'idées) étant de leur faire découvrir qu'ils devraient aussi être confrontés à des séances un peu "rébarbatives", tout en essayant de rendre cela le moins "rébarbatif" possible.
Stratégie adoptée : je lis le texte de la synthèse et, au fur et à mesure, j'explique, je fais mimer la notion de pouvoir absolu ... bref, je mets un peu de vie dans le cours. Sans doute pas assez puisque très vite je me rends compte que certains enfants ne m'accordent plus leur attention ... Je sens que l'irritation me gagne et cela ne me convient pas .
Je m'arrête donc, interpelle les "non écoutants" et leur demande si oui ou non, ils sont en train d'écouter. En toute franchise, ils me disent que non. OK ; je décide donc de leur faire découvrir ce qu'est la sociocratie et demande à chacun de choisir entre 3 propositions :
1 - la maîtresse continue, j'écoute, je participe.
2 - la maîtresse continue, je n'écoute pas, ne participe pas.
3 - la maîtresse s'arrête et je copie la synthèse.
Je distribue donc à chacun un petit papier sur lequel il va devoir écrire le n° correspondant à son choix, son prénom, et je spécifie que chacun devra expliquer pourquoi il a choisi cette proposition .
Les enfants sont très étonnés; certains sont inquiets quant à la justification du choix .
Je respecte à la lettre le protocole de la sociocratie,en formulant la "meilleure proposition possible" à mon sens, en écoutant les objections majeures, en permettant aux uns et aux autres d'améliorer la proposition pour qu'elle leur devienne tolérable... bref, beaucoup de temps passé... mais pour quel résultat !!!
En fin de compte, je me suis retrouvée avec 3 groupes :
- certains enfants (8) ont choisi de s'isoler, de ne pas écouter; ils étaient libres de faire ce qu'ils voulaient la condition inéluctable étant que tout échange verbal soit banni ( pas même de chuchotement toléré!!!) Ceux-là, je les ai envoyés à la ggrande table de regroupement et ... ils ont respecté le contrat ; mieux : au bout de quelques minutes, ils se sont mis à copier la synthèse.
- d'autres enfants( une petite dizaine) ont décidé de se mettre tout de suite à copier la synthèse, sans participer aux échanges ; à ceux-là, j'ai demandé d'utiliser les espaces périphériques de la classe. Et ils ont copié tranquillement la synthèse ... mais certains ont été tentés de participer, ce à quoi j'ai répondu que cela ne faisait pas partie de leur choix !
- les derniers enfants avaient décidé que ma manière de faire leur convenait et nous avons donc continué comme nous avions commencé.
Au signal donné, comme convenu, pour tout le monde, il fallait entrer (ou continuer) dans l'étape de la copie de la synthèse. Au bout du temps imparti à la copie, je me suis donc trouvée face à des élèves qui avaient fini de copier ( certains, ayant fini en avance, avaient même eu du temps pour "faire le meilleur usage de leur temps") et d'autres qui n'avaient pas terminé . A ceux-là, j'ai laissé le choix entre
découper/coller la fin de la synthèse ou finir de recopier à la maison.
A la fin de la séance, j'ai demandé à chacun comment il avait vécu la deuxième partie de cette séance d'histoire. Tous - sauf 2 ( ceux qui avaient décidé de copier et de ne pas intervenir ) ont été pleinement satisfaits.
Quant à moi, j'ai savouré à juste titre cette séance qui m'a laissé un goût de "Reviens-y !".
Vive la sociocratie !!!