Groupe Pratique et recherche CNV-Education/Novembre 2012

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Nous étions 11 à la rencontre du 10 novembre : Marise, Christophe (Vallée) V, Emmanuelle, Stéphanie, Elsa, Sylvie, Catherine-Stéphanie, Isabelle M, Florence, Alix, Nathalie

A l'issue des tours de paroles (présentation des nouveaux arrivants et description par chacun de ce qu'il attend de ces rencontres), il est ressorti des thèmes d'études possibles: l'enfant médiateur, la punition/sanction, Qu'est-ce qu'enseigner ? Comment aller chercher un enfant qui est fermé ? La motivation.

Pour ce jour il est retenu 3 thèmes, étudiés en groupes : l'enfant médiateur, la punition/sanction, la motivation.

Groupe Motivation :

Avant tout, la motivation ne peut venir que de "l'intérieur", de soi, et ne peut pas être imposée par un autre, un tiers, un "extérieur", ou alors on ne peut plus parler de motivation, mais presque d’"ingérence".

Ensuite, pour que la motivation puisse trouver sa place dans un travail de classe, la mise en place d'un climat, d'un environnement semble essentielle : celui-ci doit être garant de sécurité, respect, de parole libre, d'écoute. Pour porter ces valeurs, un fonctionnement "sociocratique" (où chacun est consulté pour les orientations et décisions) permet justement que la parole de chacun soit prise en compte, asseyant ainsi peu à peu la motivation de chacun.

Face à ce qui favorise la motivation, il y a aussi ce qui la freine. En particulier, les inquiétudes de l'enseignant peuvent constituer un frein au fonctionnement sociocratique (tendant à l'autocratique). Ici, c'est la capacité de ce dernier à en prendre conscience et à faire évoluer ses inquiétudes qui va contribuer à une meilleure motivation de chacun, puisque les paroles seront davantage considérées.

Groupe punition/sanction :

La sanction est ressentie comme une nécessité pour marquer un décalage entre l'attente et l'acte. Cela peut aussi être le moment pour clarifier une attente. Elle devrait être porteuse de sens. Dans certains cas, lorsqu'aucune amélioration n'est constatée, l'enchaînement des sanctions peut être interrompu car nous arrivons en limite de ce que nous pouvons faire. On en vient ainsi à rompre le lien. Nous avons arrêté la réflexion sur le côté désagréable du déni de responsabilité (ex: c'est pas moi qui bavarde).

Groupe enfant médiateur :


Compte-rendu Christophe :

Dans un premier temps, j'ai présenté le principe du projet, et ses différentes avancées :

Il s'agit d'un système de médiation par les enfants : en cas de conflit entre deux enfants ou plus, ces derniers font appels à deux enfants médiateurs, qui ont été au préalable formés, pour les aider à résoudre leur conflit. Cette médiation se fait dans un lieu défini dans l'école.

Les différentes avancées, et actions menées : Prise de contact et échange avec des enseignants ayant mis en place ce système dans leur école, Prise de contact, et chiffrage financier par des entreprises proposant la formation d'enfants médiateurs, ou la formation d'un groupe d'adulte, qui, chaque année, formerait les enfants. Entretien téléphonique avec un conseiller pédagogique particulièrement sensible aux techniques de communication, et à la responsabilisation des enfants, et qui est près à s'investir dans ce projet, Présentation du principe aux collègues (deux sont intéressés, les autres ont fait un retour très timide. Réunion avec des personnes de la communauté de commune (le responsable du personnel, et la personne chargée des écoles)

Dans un second temps de notre travail, Elsa et Nathalie m'ont questionné pour m'aider à trouver à la fois les éléments qui me freinaient pour poursuivre le projet, et les éléments importants pour moi, les valeurs, les besoins, qui m'ont poussé à initié ce projet.

Les freins : Sans rentrer dans les détails personnels, il est apparu : . Que je ne me sentais pas pleinement légitime à travailler sur ce projet dans ma classe (cohérence avec ma « casquette d'enseignant », temps passé à travailler la-dessus en classe, au détriment des matières plus « scolaires »), . Que j'étais inquiet de la manière dont les autres me perçoivent au travers de ce projet (peur d'être perçu comme laxiste, qu'on pense que c'est une « lubie » sans réel lien avec les apprentissages dit fondamentaux, ... . Que des expériences difficiles avec des familles en début de carrière (enfant retirés de ma classe), et il y a encore quelques années (visite et contre visite de l'inspecteur, en particulier sur la correction des cahiers), me mettent en fragilité, dès que je m'écarte de la pédagogie traditionnelle.

Les motivations et les valeurs De cette partie de la discussion, je retiens : . Que l'ambiance, le climat dans la classe, est un élément très important pour moi, . Qu'un système d'enfants médiateurs participerait à cette qualité de climat par l'apaisement des tensions, . Que d'autres éléments, hormis ceux que je mets déjà en place, et ce projet, sont à réfléchir, . Que la valeur d'égalité, qui est aussi présente dans ce projet, est très importante pour moi (dans une médiation, chacun des enfants est à égalité, et si un adulte y participe, c'est aussi sur un plan d'égalité avec les enfants, que les besoins d'un enfant agresseur y sont considéré autant que ceux de l'agressé, ...), . Que mettre l'enfant dans une position d'acteur de la vie en communauté, et acteur de changement dans la classe, est également pour moi un élément important, que ce soit pour la classe, ou pour la communauté, à court terme, et à long terme.

Ainsi, même si j'étais conscient d'une partie de ces éléments, les exprimer, les rattacher à mon projet, m'a permis non seulement de me rassurer sur ma légitimité à le mettre en œuvre, et m'incitent à placer ce projet comme une des stratégies possibles pour continuer à avancer sur tous ces éléments importants pour moi.

Nous avons également passé un moment à chercher des solutions pour satisfaire mes besoins de sécurité, en particulier vis à vis des parents. Pourquoi pas, par exemple, proposer une réunion avec les enfants et les parents, durant laquelle nous échangerions sur le climat dans l'école et dans la classe : observation de la manière dont enfants et parents le perçoivent, et propositions de stratégies pour l'améliorer (les enfants médiateurs pouvant faire partie de ces stratégies).

Elsa a rappelé que pour elle, comme parent d'élève, c'était important d'être associée à la vie de l 'école, et que cela pouvait entre autres avantages, réduire les peurs des parents (dont la peur que l'enfant soit plus sévèrement traité si le parent exprime un désaccord sur ce qui se passe en classe).

Nathalie a raconté son expérience d'enseignante en maternelle : un travail avait été fait par les enfants de moyenne / grande section, pour donner du sens aux règles proposées, et surtout pour expliquer aux plus petits, à l'aide de panneaux, et de présentations, le contenu des règles, et leurs raisons d'être. Pour Nathalie, ces actions tirent leur force du fait qu'elles partaient d'envie des enfants, et que l'enseignant était là avant tout pour leur offrir les moyens d'avancer dans leur projet.

Cette discussion, comme je l'ai précisé dans le moment de partage, m'a beaucoup apporté, en ce sens qu'elle m'a bien recentré sur mes besoins et valeurs personnelles, et que j'ai des débuts de solutions pour trouver de la sécurité, et me mettre au mieux au service de ce qui est important pour moi. J'ai bien aimé le partage de l'expérience de Nathalie, car j'ai également souvent travailler dans ce sens (envies, élans, et propositions des enfants d'abord), et c'était toujours riche en résultats, et en émotions chez les enfants et chez moi. Grand merci au groupe, à Elsa et Nathalie (et puis à moi aussi, y a pas de raison !) pour ce moment.


Compte rendu Elsa :

Quels sont les freins du porteur de projet l'empêchant de le démarrer en solo ?

  • manque de légitimité ?
  • peurs liées à des expériences passées ?
  • craintes de l'échec ?
  • peur du regard négatif d'autrui dans son travail ?
  • peur que les autres pensent qu'il ne fait plus que de la médiation, sans plus s'occuper de son boulot d'instituteur ?
  • peur que le programme pour les élèves partant vers le collège ne soit pas bouclé ?
  • peur d'être jugé comme "laxiste" par les parents d'élèves car peu ou plus de punition à terme ?
  • peur d'être incompris par l'inspecteur et/ou le directeur ?
  • peur de conséquences appartenant au passé, telles que le fait que des parents retirent leur enfant de l'école ?
  • etc ...

Quels besoins se cachent derrière chacun de ces freins ?

  • cohérence avec la mission d'enseignant de CM1 et CM2 =
   pour cela lister les apports pédagogiques multi-dimensionnels de la médiation :
   agir pour améliorer le vivre ensemble,
   permettre le développement de compétences utiles aux élèves au quotidien et à l'avenir (collège, lycée, citoyen, etc ...),
   les rendre acteur dans l'école car c'est une expérience transposable dans la vie en général,
   changer le climat relationnel et les conditions d'apprentissage au sein de la classe,
   faire baisser la violence entre élèves et entre adultes et enfants,
   apprendre à faire de la prévention et/ou de la gestion des conflits par une recherche d' issues à ces confrontations inévitables
   comment participer à un groupe en proposant du respect mutuel
   écouter sans se blesser, s'exprimer avec authenticité sans nuire,
   éducation civique et citoyenneté,
   apprendre l'échange et coopération / le cercle de paroles pour les enfants et/ou pour l'équipe, etc ...

Autres besoins

  • légitimité : quelle est la formation du porteur de projet à cette approche ? Quelle(s) formation(s) ou module(s) complémentaires peuvent être utile ? Quelles acquis et expériences personnelle au porteur de projets sont d'ores et déjà disponibles et transférables par lui ?
  • besoin d'écouter un élan personnel pour mettre en place une autre manière d'enseigner (se respecter soi)
  • besoin d'apaisement, de plus d'harmonie, de considération réciproque, de plus de sécurité par la baisse de la violence physique mais aussi verbale
  • besoin de me réaliser davantage dans mon travail et ma mission (évolution, congruence, enthousiasme)
  • besoin de plus de dialogue, d'une meilleure communication entre individus partageant un même lieu plusieurs heures par jours et 4 jours par semaine
  • besoin de considération pour mon implication, mon investissement dans ma mission pédagogique par l'intégration de la médiation
  • besoin de communiquer sur les objectifs et les avantages de la médiation en classe et à l'école : gagner du temps = en perdre moins avec punitions, conflits et autres tensions, etc ...
  • besoin de soutien dans ma démarche = quelle est la plus petite unité de sécurité que je peux d'ores et déjà entrevoir ?
  • besoin de partager mon enthousiasme et mes objectifs
  • besoin d'ancrer en moi, puis dans la présentation de mon projet, les motivations profondes qui m'animent et qui sont tournées vers les enfants et leur autonomie
  • besoin d'agir pour participer, à mon échelle humblement, à un changement vers plus d'harmonie dans les relations humaines, intergénérationnelles aussi
  • besoin d'aller à l'école avec plaisir (moi et les enfants car ainsi les apprentissages se font mieux)
  • besoin de favoriser le bien vivre ensemble jour après jour et ainsi permettre aux enfants en difficultés d'oser poser des questions par exemple, apprendre au enfants qui pigent vite l'accueil et la tolérance vis-à-vis de la différence de rythme, l'entraide, la coopération, et le fait que aider aide à intégrer en soi aussi (transmettre ce que l'on sait)
  • besoin de sentir de l'adhésion envers la démarche (soutien psychologique dans ma vie privée et professionnelle)
  • besoin de participer à l'autogestion des élèves face à leurs difficultés actuelles et futures (aider à grandir de l'intérieur, de maturer)
  • besoin de faire évoluer un système dominant, en échec à ce niveau là, par l'apprentissage du respect dans les relations humaines, agissant sur la baisse de la violence

Faut-il un espace, un local pour la médiation ou les médiateurs référents ?

  • quels besoins derrière cela ?
  • qui le gèrerait ?


Pour finir la réunion, nous nous sommes retrouvés en "réunion plénière" pour partager les réflexions de chaque groupe de travail. Certains se sont sentis frustrés de ne pas avoir assisté davantage aux discussions sur les autres thèmes, même si un compte-rendu en avait été donné. C'est pourquoi il a été choisi pour la prochaine rencontre de ne partager qu'un seul sujet, choisi le jour même : comment s'occuper des conflits au sein de l'école ?

Cette nouvelle organisation (un seul thème plutôt que 3) sera comparée à la première, et le groupe se laisse la liberté de choisir à nouveau celle qui lui convient le mieux, quitte à alterner.

Nous pourrons aussi traiter les cas d'urgence s'il y en a.

Quant au lieu d'accueil, il sera décidé d'une rencontre sur l'autre afin d'expérimenter encore une fois ce qui convient le mieux au groupe, avec une préférence à ce jour pour que le lieu d'accueil ne soit pas toujours chez Nathalie dans un souci de la soulager.