Un stage de formation CNV dans un lycée de l’enseignement public
Novembre 2008
Nous avons réussi à organiser un stage de formation en CNV au lycée Antoine de Saint-Exupéry de La Rochelle, prévu pour janvier prochain et qui sera animé par Thierry Mourman, formateur certifié CNV.
Constatant la difficulté de proposer une telle formation au sein de l’Education Nationale, nous souhaitons partager ici notre expérience espérant ainsi encourager nos collègues sensibles à la CNV à se lancer dans une dynamique comparable.
Ce qui nous semble important dans cette démarche c’est de ne pas imposer une telle formation, mais d’en susciter la demande de la part des collègues et de l’administration de l’établissement. Nous avons été confrontés à quelques résistances qui relevaient en fait de la peur ou de la méfiance face à cette innovation dans le rapport classique élève-enseignant.
Afin de proposer cette formation CNV, encadrée par un formateur non-enseignant, nous avons été extrêmement attentifs aux sentiments et aux besoins exprimés ou suggérés par la communauté scolaire du lycée, en salle des professeurs et lors des diverses réunions qui rythment l’année. En particulier une large réflexion fut proposée par notre administration concernant la baisse de motivation des élèves de Seconde face à la réussite scolaire.
Nos rencontres avaient pour objectif de mettre en place des outils et des stratégies pour remotiver les élèves en difficultés afin de diminuer les réorientations et les redoublements. Très vite nous avons constaté que ces réunions se résumaient principalement au témoignage d’anecdotes illustrant le constat de départ : nos élèves ne travaillaient pas ! L’ensemble des participants semblait toutefois d’accord sur le fait que les principales souffrances exprimées par les élèves et les enseignants eux-mêmes, étaient dues à la difficulté de communiquer.
A l’issue de ces réunions, chacun ressentait frustration et découragement, car aucune proposition satisfaisante n’émergeait. C’est dans ce contexte que nous avons proposé d’organiser une formation en CNV, afin d’explorer d’autres pistes et tenter de mieux répondre aux difficultés unanimement exprimées.
Faisant valoir que l’enseignant était un professionnel de la communication, mais que paradoxalement il n’était pas tellement formé à la communication mais plutôt à la transmission de savoirs, il nous est apparu nécessaire de nous prendre en charge pour mieux rentrer en relation avec un public d’élèves de plus en plus hétérogène. Le processus CNV n’était pas connu par nos collègues, et pour lever certaines méfiances, nous avons présenté la CNV comme étant une démarche peu éloignée de la Programmation NeuroLinguistique mieux connue par une partie du milieu enseignant du lycée, car cette dernière apparaît dans les programmes scolaires des sections STG. Il nous a paru important de présenter la CNV comme un outil efficace dans la relation quotidienne élève-enseignant et dans la gestion et le désamorçage des conflits, dans la mesure où il prend en compte les besoins de chacun. Naturellement, nous avons veillé à rester fidèle au processus lorsque nous avons fait cette proposition aux collègues, soucieux d’être à la fois cohérents avec nous-mêmes et respectueux de ce qu’ils peuvent vivre.
La réussite de cette démarche tient également au soutien de notre administration qui a pesé de tout son poids pour l’accord du rectorat. Il a été également nécessaire de trouver une solution financière pour rémunérer un formateur « hors Education Nationale ». Le lycée a complété le financement rectoral sur ses fonds propres. La motivation des collègues pour ce stage (les demandes d’inscription ont dépassé les 14 places ouvertes) a conforté l’administration dans son soutien à cette action.
Nous pensons que la proposition d’une conférence par un formateur certifié, programmé un jour de pré-rentrée peut être une stratégie utile pour informer et motiver une demande de stage. L’essentiel étant de suggérer une formation CNV lorsque l’environnement de l’établissement est prêt à l’accueillir.
En résumé, notre expérience révèle les étapes suivantes :
- être attentif à ce que l’environnement de l’établissement soit réceptif à cette proposition de formation.
- S’appuyer sur les souffrances exprimées pour motiver la communauté à réagir (dépasser l’étape du constat récurrent et stérile).
- S’assurer du soutien actif de l’administration.
- Répondre avec bienveillance aux questions parfois étonnantes des collègues.
- Prendre son temps dans la conduite du projet, respecter son rythme et celui de la communauté scolaire (une année entière pour nous).
Yann Dussubieux
Céline Deshayes
Enseignants au lycée Antoine de Saint-Exupéry La Rochelle
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