La joie d'être père (ou mère)/Sans parole – (2 ans et 9 mois)

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« Demandez-vous ce que vous voulez qu’il fasse. Demandez-vous surtout avec quelle motivation vous voulez qu’il le fasse ». D’après M. Rosenberg

Ça y est . Titouan a nagé. Pas grand-chose, simplement quelques battements de jambes porté par son gilet. Juste assez pour franchir le mètre qui nous séparait des marches. Mais c’est un peu comme ses premiers pas.

Son visage irradie le bonheur : il a réussi. Il s’est détaché de moi et a regagné le bord.

Tout seul.

Il se retourne vers moi hilare, se redresse sur les marches, grimpe à toute vitesse sur la plus haute pour se jeter dans l’eau. Son style « chute libre » raviverait n’importe quel parachutiste. Je le récupère, il s’agrippe à moi de toutes ses forces en s’écriant « câlin ! ».

En revivant ces moments, c’est comme une fleur de joie qui s’épanoui en moi et m’irradie d’une douce chaleur.

Récompense de dizaines d’heures de patience depuis près de 2 ans à regarder Titouan rester assis sur les marches, s’allonger dans 10 cm d’eau, mettre 20 mn à descendre 3 marches pour avoir péniblement de l’eau au-dessus de la taille et partir se réfugier aussitôt, au sec, 4 marches plus haut.

Bien sûr, il avait peu à peu accepté de traverser la piscine dans mes bras et même de sauter depuis le bord. Simplement, il avait toujours besoin de sentir que je le soutenais et à la moindre alerte, il se cramponnait à moi avec l’énergie du naufragé jouant sa vie.

Et puis aujourd’hui, une petite fille de 19 mois, flottait tranquillement, suspendue dans son gilet, telle le bouchon de la ligne de pêche, avançant sereinement au rythme de son pédalage sous-marin.

« Titouan, regarde la petite fille comme elle flotte bien ! » « … » « Si tu mettais ton gilet tu pourrais faire pareil. » « … » « Tu veux mettre ton gilet ? » « Non ». (En moi-même) « Carambar, encore raté ! »

Et puis 10 ou 15 minutes plus tard : « Mon gilet » dit-il d’un ton décidé.

Vous avez lu la suite.

Quel rapport avec la CNV, me direz-vous ?

Eh bien, d’abord, les dizaines de fois où j’ai accueilli ma frustration et accepté que Titouan aille à son rythme et, à mon avis, sous-utilise ses capacités. Et le nombre à peu près identique de fois où j’ai accepté que d’avoir laissé fuser mon énervement n’allait pas le bloquer encore un peu plus. Puis la confiance qu’il finirait bien par avoir le déclic. Et aussi la joie et les encouragements sincères à chaque micro ou réel progrès. Et surtout, la liberté laissée de ne pas progresser, voire, par moments, de régresser.

Et par-dessus tout, le constat, l’expérience concrète, palpable, visible et indiscutable, sur ce cas comme dans bien d’autres situations, que bien que qu’il soit encore régulièrement catalogué comme « bébé », il sait parfaitement faire des choix positifs, c'est-à-dire non pas en réaction à mes propositions ou décisions d’adulte, mais en fonction de sa propre perception, de ses envies et capacités.

Et que ces choix là sont son meilleur moteur de progrès.