Collège de Hoerdt : Différence entre versions

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Version du 3 septembre 2010 à 18:54

La communication non-violente au collège de Hoerdt

Le Collège de Hoerdt dans le Bas-Rhin a organisé une formation à la CNV pour les délégués de toutes les classes de la 6ème a la 3ème en 2006-2007.


- Thème : Communication non-violente

- Mots-clés : CNV – Formation des élèves

- Date de mise en œuvre : Année scolaire 2006-2007

- Type de mise en œuvre : La direction du collège et le foyer socio-éducatif et coopératif (FSEC) ont fait appel à Dominique Watzy, formatrice en CNV

- Type d’établissement : Collège

- Au niveau de : Interclasses

- Public concerné : Délégués

- Type d’intervention : Formation

- Auteur de la fiche : Texte rédigé par Annick Blanck, présidente du Foyer Socio Educatif et Coopératif du collège de Hoerdt et Secrétaire de l’association APEPA (Association des parents d’Elèves de l’Enseignement Public en Alsace).

- Contact : Collège Baldung Grien, 6 rue des Alouettes, B.P 306, 67728 Hoerdt cedex Tél : 03 88 51 35 12

Témoignage d’une expérience qui s’est déroulée au collège de Hoerdt (Bas Rhin)

Sensibilisées à la communication non violente lors du congrès APEPA 2006 (Association de Parents d’Elèves de l’Enseignement Public en Alsace), la Principale du collège de Hoerdt et son adjointe ont souhaité introduire cet outil au collège dès la rentrée de septembre 2006. Lors de la pré-rentrée, les professeurs ont bénéficié d’une journée de formation dispensée par Dominique Watzky, formatrice en CNV en cours de certification. C’est encourageant mais très insuffisant, les professeurs n’ont pas eu le temps de passer aux situations concrètes et à l’application de cette méthode par des exercices. Une demande a été formulée pour une journée supplémentaire qui répondrait à cette attente.

Le foyer socio éducatif et coopératif (FSEC) quant à lui s’est penché sur la question de la formation des élèves. Le foyer qui a dans ses statuts pour objectifs entre autre de favoriser de bonnes conditions de vie au collège s’est senti particulièrement concerné par les actions menées pour une communication non violente. Mais quels élèves former ? Assez rapidement, le conseil d’administration du FSEC a opté pour une formation des élèves délégués. Devant communiquer avec leurs camarades, mais aussi avec l’administration, les professeurs, faisant des interventions dans les conseils de classe, ils ont besoin d’outils pour que leurs interventions se fassent le mieux possible. Toutes les tranches d’âge sont concernées, de la 6ème à la 3ème. Les deux élèves délégués titulaires aux conseils de classe (18 classes) ont donc été invités deux mercredis matins espacés d’environ 7 semaines à une formation à la CNV dispensée par Dominique Watzky qui a aussi été professeur d’anglais et qui a donc l’habitude de travailler avec des jeunes. En formation CNV, c’était néanmoins sa première expérience.

Ils étaient une trentaine d’élèves (sur les 36) à répondre présents, malgré le jour choisi (un mercredi, jour où ils n’ont habituellement pas cours). Pendant 4 heures ils vont découvrir cet outil, ce ne sera qu’une première sensibilisation : les 4 heures passent très vite et elles n’ont suffi qu’à exposer la méthode et à mettre en place un jeu de rôle pour tenter de la mettre en pratique. La Principale adjoint, un professeur et trois parents d’élèves représentant les associations sont également présents ainsi que la présidente du foyer socio éducatif et coopératif, elle aussi parent d’élève.

Dès l’accueil le ton est donné. Dominique Watzky salue chaque élève un à un en l’appelant par son prénom. Elle prend son temps pour chaque jeune « bonjour Carine », « bonjour Jean ». Petits sourires en coin, la lenteur de cette première approche semble parfois gêner. Quelqu’un s’intéresse à chaque élève, lui dit bonjour, le regarde. Bizarrement l’ambiance s’apaise, le temps n’a plus d’importance, l’élève est là avec sa personnalité, et quelqu’un est là pour lui. La lenteur s’installe. Ensuite, chacun fait vœux de discrétion. Devant les autres il exprime son engagement de ne pas divulguer les informations qui pourraient être confidentielles. Ils prennent le temps de bien peser tout ce que cela implique. Respect, discrétion, ils deviennent conscients de leurs responsabilités.

La formation peut débuter. Dominique Watzky va dérouler progressivement les 4 étapes qui forment la communication non violente selon Marshall Rosenberg. Les élèves réagissent d’abord difficilement. La parole a du mal à se libérer. Pensant que sa présence pouvait en être une des causes, le professeur d’anglais, une dame, présente à la formation annonce qu’elle va quitter la salle afin que les élèves ne se censurent plus et que lorsqu’ils jugeront opportun de la rappeler ils pourront la chercher dans la salle des professeurs. Le professeur quitte la salle de classe et la formation continue. Mais très rapidement des élèves se mettent à chuchoter entre eux. « pourquoi la prof est partie ? Elle ne nous empêchait pas de nous exprimer, elle a notre confiance ». Ces interrogations s’étendent comme une traînée de poudre aux autres élèves. Mais oui, pourquoi est-elle partie, nous pourrions la rechercher ? La formatrice rebondit et demande aux élèves quels sentiments cette situation réveille chez eux. Un jeune élève de 5ème, connu pour être un peu crâneur lui répond qu’il est touché par le respect que ce professeur leur a témoigné en quittant la salle. « mais nous lui faisons entièrement confiance » dit-il, elle ne va pas nous « balancer ! ». Dominique Watzky lui propose alors de chercher le professeur et lui demande ce qu’il va lui dire. « je vais lui dire : Madame vous pouvez revenir ». « Sais tu que tu la prives d’un magnifique cadeau ? Ne souhaites tu pas lui dire ce que tu viens de nous confier ? Tu as été touché par son respect pour vous, dis lui comme tu le ressens au fond de toi ». L’élève lui répond qu’il n’a vraiment pas l’habitude de s’exprimer ainsi, il n’y arrivera pas. C’est alors que des copines de classe proposent de l’accompagner et de le soutenir dans sa démarche. Elles aussi souhaitent dire à ce professeur leur gratitude. Le petit groupe de 5 jeunes part. Dans la salle les élèves auraient aimé être petites souris pour assister à la scène entre les élèves et le professeur. Mais tout le monde ne manque pas de constater l’émotion qui règne au retour des élèves et du professeur. Visiblement touchée, le professeur confie aux élèves qu’elle vient de vivre un moment qui lui donne du punch et de l’énergie pour les 10 prochaines années !

A la fin de la demi journée, l’avis est unanime, trop court. « Madame, vous revenez quand ? Mercredi prochain ? ». La formatrice explique qu’elle laissera passer les premiers conseils de classe et reviendra pour faire le bilan, voir avec les élèves comment améliorer les éventuelles situations qui auraient posé problème, se mettre en situation. Rendez vous est pris 7 semaines après, c’est trop long de l’avis de tous. Des groupes de jeunes viennent personnellement remercier Dominique Watzky, l’émotion est là. Ils repartent reconnaissants, conscients que cette formation a réveillé quelque chose en eux.

Sept semaines et un conseil de classe plus tard, c’est avec plaisir que le groupe se retrouve. Le démarrage est un peu difficile, les jeunes ont du mal à se remettre dans l’ambiance. Dominique Watzky décide alors de les faire travailler en groupe afin que chacun puisse s’exprimer. Les langues se délient, les situations concrètes rencontrées au collège sont évoqués et revues « façon CNV ». Les jeunes s’approprient peu à peu cet outil qui les aident à mieux communiquer. Pour certains, il leur a déjà été d’une aide précieuse lors d’interventions, leur permettant de voir le dialogue avec les profs, l’administration, les camarades de classe sous un autre aspect. Les quatre heures ont à nouveau défilé à toute vitesse. Cette belle expérience ne demande qu’à être prolongée, et pourquoi pas proposée à d’autres élèves. Des clubs ? Pourquoi pas ? Fort de cette expérience très positive, gageons que la CNV au collège de Hoerdt n’en restera pas là !

Le nerf de la guerre reste toutefois l’aspect financier. Cette formation dispensée par une professionnelle est onéreuse et le foyer dont les recettes sont essentiellement des cotisations des familles a dû faire un gros effort financier qu’il ne pourra renouveler de façon régulière. Le collège a également participé financièrement à cette formation, avec l’accord du conseil d’administration. Mais pour lui également ce sont des investissements qu’il ne peut renouveler régulièrement.

Elèves et professeurs ont donc été sensibilisés à la CNV, chacun de leur côté. Mais après ces formations où professeurs et élèves ont exprimé leurs ressentis par rapport à leurs expériences d’enseignants ou d’élèves, force est de constater que professeurs et élèves ont des choses à se dire les uns aux autres ! Ce sont des dialogues qui permettraient parfois d’éviter bien des malentendus, des situations de tensions voire des crises. Mais ni les professeurs, ni les élèves n’osent franchir le pas. Pourquoi ? Les raisons sont multiples : manque de temps, d’espace pour le faire, manque de moments où de façon apaisée chacun pourraient prendre conscience de ses sentiments, besoins, demandes et les exprimer. Arriver à dire les choses de façon à entrer en relation avec l’autre, à dialoguer sereinement sans entrer dans le conflit implique de pouvoir rentrer d’abord en contact avec soi même et de prendre vraiment la mesure de ce qui se passe en soi. La pudeur peut créer une barrière à son expression. Les mots manquent aussi parfois pour le faire savoir. Et la situation de hiérarchie entre professeurs et élèves, l’un dominant l’autre par sa mission d’instruire et son statut d’adulte n’est pas favorable à ces échanges.

Pourtant élèves et professeurs ont des choses à se dire ! Alors comment favoriser ces échanges ? Comment établir une relation de confiance, donner à chacun les outils pour pouvoir amorcer le dialogue ? Arriverons nous à faire place à de telles rencontres ? Lors de la formation délégués, quelques graines ont été semées par les échanges qui ont pu se faire avec des professeurs, déjà acquis à la cause CNV et des élèves qui la découvraient, expérience qui nous indique que ce n’est pas un rêve vain mais que cette démarche s’inscrit dans le domaine du possible. Voici des pistes à explorer, source d’espoir pour chacun.

Texte rédigé par Annick Blanck, présidente du Foyer Socio Educatif et Coopératif du collège de Hoerdt et parent d’élèves de l’association APEPA (Association des parents d’Elèves de l’Enseignement Public en Alsace).

Liens

http://www.ecole-nonviolence.org