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Sommaire
Création d'une saynète pour Pâques, sur la justice punitive/réparatrice à partir et avec l'aide de la CNV
La réconciliation avec soi-même, l’autre et Dieu par l’écoute, la compassion, la réconciliation
Introduction à la saynète : annonce, explications
En classe, nous avons observé 2 façons d’être, d’agir par rapport à des faits. Celles-ci seront jouées en parallèle afin que vous compreniez avec efficacité que nous voulons faire passer : il est possible de rétablir la paix, de se ré-concilier sans l’utilisation de la punition/récompense. Dans la première partie, vous verrez comme fonctionne le système actuel. Nous tenons à préciser que c’est une simple observation de ce qu’il se passe (nous ne posons aucun jugement). Dans la deuxième, vous verrez pratiquement comment fonctionne la justice réparatrice selon Marshall Rosenberg (initiateur du processus de la « communication non-violente » et auteur du livre « les mots sont des murs ou des fenêtres »).
Voici l’intro à cette saynète : Un jeune homme de 25 ans, qui n’a pas de travail, Jérôme Dupont a pris un GSM dans un magasin d’électroménager et ne l’a pas payé à la caisse. Seulement le gérant l’a vu et le prend sur le fait. Comment ce dernier peut réagir ?
Nous souhaitons vous faire participer d’une certaine façon à ce que nous allons vous montrer. Pour y arriver, nous vous demandons de répondre à une question « Si j’étais dans le cas de Jérôme, le commerçant, quelle façon d’être m’apporterait le plus de satisfaction, la A (système actuel) ou la B (la justice réparatrice) ? » Nous vous interrogerons à la fin de la saynète et vous vous exprimerez en levant votre main. Maintenant, nous vous invitons à ouvrir les yeux et les oreilles afin de découvrir un « agir » différent et nouveau … qui contribue au bien-être de tous. Nous espérons que cela vous apportera quelque chose. « Place au jeu ! »
Saynète : script et commentaires
Partie A Le gérant appuie sur le bouton d’alarme qui est en lien avec le bureau de police. Avant que le policier n’arrive, il maîtrise Jérôme, sort un fusil, le plaque contre le mur et commence à lui dire « Avec moi, cela ne se passe pas comme cela, espèce de voleur, parasite de la société, tu vas payer ». Jérôme que tente de se débattre : « Eh vous, commerçant de malheur, vous ne pensez qu’à l’argent »
Commentaires : Observez le fait que les personnes se jugent l’une l’autre et par là se font « violences ». De plus, observez le ton de la voix, le non verbal et la présence de gestes physiques : une arme est sortie, un coup de feu peut retentir, des coups peuvent pleuvoir. Regardez maintenant ce qu’il se produit avec une façon d’agir qui est différente.
Partie B Le gérant saisit ses clés, ferme la porte de son magasin à clé, tourne la pancarte vers « fermé » et dit « Monsieur, je ferme le magasin car je constate que vous avez pris quelque chose sans le payer et j’aimerais être sûr qu’il soit possible d’en parler avec vous pour trouver une solution qui nous convienne à tous deux. Est-ce possible de prendre 5 minutes afin de discuter de ce qui vous pousse à agir ainsi et d’entendre ce que j’ai à dire ?
Commentaires : Le gérant se protège en fermant simplement le magasin et explique le but de son acte : il a envie de parler, d’écouter et de se faire entendre. Il exprime ce qu’il vit et voit sans critiques.
Partie A : Jérôme est toujours plaqué contre le mur. Le policier arrive, sort ses menottes et embarque Jérôme. Alors que le policier et Jérôme quittent le magasin, le gérant dit : « Je porte plainte contre vous et nous nous reverrons au tribunal ».
Commentaires : C’est une autorité extérieure qui vient régler le conflit (la police, le tribunal). Cela coûte à la société : le policier se déplace, une procédure sera mise en place, des avocats seront à payer, …
Partie B : G : Est-ce possible de prendre 5 minutes afin de discuter de ce qu’il vous pousse à agir ainsi et d’entendre ce que j’ai à dire ? Jérôme : « Oui, j’ai pas le choix ». Le gérant : « Vous voulez partir librement sans le payer ? » (silence de 2 secondes) J. : « Bin … oui, je suis au chômage, je cherche du travail, j’en trouve pas et le pire c’est que je suis minimexé, je sais pas le payer moi votre GSM ! ». (le ton de la voix est emprunt de tristesse et s’accélère) G. : « Vous voudriez me payer le GSM et en même temps, vous n’avez pas les moyens pour le faire, c’est ça ? » (silence de 3secondes) J. : (il s’assied, le ton de sa voix ralentit) » Exactement, vous travaillez et c’est juste que je vous paie … c’est qu’avec ce téléphone, je pourrai être en contact avec ma fille est chez sa mère, vous voyez nous avons divorcé il y a 2 mois et je n’ai pas vu Julie ma petite fille depuis … j’ai pas le téléphone ! (Il commence à pleurer doucement) ». G. : « Ce téléphone vous permettrait d’être plus proche d’elle ? » J. (les larmes aux yeux en souriant) : « OUI ! » (3secondes de silence, il sanglote légèrement, le gérant lui tend un mouchoir, il le prend) G : « Je suis touché quand je vous entends dire cela parce que je vois et prends conscience que derrière votre geste il y a malgré tout de la beauté (il sourit et le regarde) ». J. sourit. G poursuit : « Personnellement, j’ai besoin que cela soit en effet juste et me le payer me conviendrait. En même temps, vu que vous n’avez pas les moyens, que vous cherchez du travail, que vous voulez communiquer avec votre fille et donc acheter ce GSM, je vous propose ceci : je cherche un magasinier depuis une semaine, vous travaillez pour moi à contrat indéterminé et je vous retire de votre premier salaire le prix du GSM avec … 10% de remise. Cela vous convient-il ? » Commentaires : Pour réparer les choses, les lois ne nous apporteront rien (nous ne disons pas qu’elles ne servent à rien, cela est différent). Il s’agit de se poser une seule question : « Comment rétablissons-nous la paix ? ». Autrement dit, « comment rétablissons-nous un état dans lequel les gens se soucient du bien-être de chacun ? » Ensuite, chacun à son tour, s’exprime par rapport à la situation passée (ici prendre le GSM sans le payer). Chacun reflète ce que l’autre a dit avec ses propres mots, c’est une façon de se mettre à sa place (cela s’appelle l’empathie). Une fois que tous les besoins ont été reformulés, une (ou des) solution(s) est(sont) proposée(s). Celle qui sera choisie verra les besoins de tous pris en considération.
Partie A : Au tribunal, face au juge.
Le juge « Monsieur Dupont, vous êtes un voleur et ce n’est d’ailleurs pas la première fois que cela se produit. Vous agissez mal. Vous méritez d’être puni sévèrement. Vous passerez six mois en prison sans en sortir ! Affaire classée, au suivant ! »
Commentaires : (Rappel : nous observons les faits, nous ne jugeons rien.) Dans la justice punitive, l’autre est d’abord jugé, étiqueté : ici, « voleur ». La personne qui juge fait de la pointe de l’iceberg, tout l’iceberg. Le « jugé » sera classé suivant un axe bien/mal : « gentil, méchant, égoïste, généreux, sensible, jaloux ». Suivant cet axe, une personne mérite d’être punie ou récompensée.
J (un grand sourire) : Oh oui, je suis aux anges cela m’aiderait vraiment. Merci G (lui aussi souriant) : Je suis heureux de pouvoir vous aider ainsi. Ils finirent par se donner la main. Cette histoire n’est pas une fiction, c’est un possible pour plus de paix et de respect entre nous.
Conclusion : demande, et précisions
Imaginons que vous êtes un des protagonistes, quelle façon d’être vous apporterait le plus de satisfaction ? Qui pour la justice punitive ? Qui pour la justice réparatrice ?
Pour conclure et faire le lien avec le point suivant, voici quelques précisions :
Deux questions à Marshall Rosenberg sur la justice punitive pour mieux la comprendre : Si la violence est apprise, quand a-t-elle commencé? Elle semble avoir toujours fait partie de l'existence humaine. Rosenberg : Le Théologien Walter Wink estime que cette violence a été la norme sociale pendant environ huit mille ans. Cela correspond au développement d'un mythe selon lequel le monde a été créé par un dieu masculin héroïque, vertueux, qui a vaincu une déesse féminine maléfique. À partir de là, nous avons eu l'image des bons tuant les méchants. Et ça a évolué vers “la justice punitive,” qui dit qu'il y a ceux qui méritent d’être puni et ceux qui méritent d’être récompensé. Cette croyance a pénétré profondément dans nos sociétés. Toutes les cultures n'y ont pas été exposées, mais, malheureusement, la plupart. Vous avez dit que le mérite est le mot le plus dangereux du langage. Pourquoi ? Rosenberg : Il est à la base de la justice punitive. Pendant des milliers d'années, nous avons fonctionné sous ce système qui dit que les gens qui font des choses mal sont en effet méchants, que les êtres humains sont fondamentalement méchants. Selon cet avis, quelques personnes bonnes ont évolué et c'est à eux de tenir le rôle des autorités et de contrôler les autres. Et la manière de contrôler les gens, étant donné notre nature mauvaise et égoïste, passe par un système de justice dans laquelle les gens qui se comportent d'une bonne manière sont récompensés, tandis que ceux qui sont méchants doivent souffrir. Pour voir un tel système comme équitable, il faut avoir la croyance que les deux parties méritent ce qu'elles reçoivent. J'ai vécu au Texas, et quand ils exécutaient quelqu'un là-bas, les bons étudiants baptistes de l'université locale se réunissaient à l'extérieur de la prison et faisaient une fête. Quand le mot passait sur le haut-parleur signalant que le prisonnier avait été tué, il y avait une forte acclamation et ainsi de suite, le même genre d'acclamation qui a eu lieu dans quelques parties de la Palestine quand ils ont découvert les attaques terroristes du 11 septembre. Quand vous avez un concept de justice basée sur le bien et le mal, dans lequel les gens méritent de souffrir pour ce qu'ils ont fait, cela rend la violence agréable.
Chute : A cela, une alternative est possible : l’écoute, la compassion, la réconciliation avec soi-même, l’autre et Dieu.
Trouver l'inspiration dans l'économie du libre
Une façon de contribuer au changement social pourrait être de trouver l'inspiration dans l'économie des logiciels libres. Par exemple la version la plus téléchargée en ce moment de linux, est basée sur le mot et l'esprit africain Ubuntu, qui veut aussi dire :
- « je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous ».
Liens externes
Pour en connaître plus au sujet de cette économie grandissante :
- Cause commune : l'information entre bien commun et propriété de Philippe Aigrain
- Logiciels libres et sociétés par Daniel Pascot et Shel Mellouli, professeurs au Département des systèmes d'information organisationnels de l'Université de Laval au Quebec, Canada