Besoin de liberté
On voulait une école où les élèves travaillent de leur propre motivation, sans punition ni récompense.
Ca supposait pour nous d'avoir la confiance que tous auraient cette volonté intérieure.
Intentionnellement, on leur a donné le choix.
On a commencé par leur donner des choix faciles pour qu’ils s’habituent : ça vous pouvez le faire dedans ou dehors, pour les devoirs à la maison, vous êtes libres d’emmener des devoirs à la maison, si vous le souhaitez.
C’était juste les laisser être dans ce courant d’apprentissage et de faire confiance à ça.
C’était un vrai défi, ces enfants avaient 6 ans, et ils avaient déjà appris à se soumettre. Ce que disait le maitre, c’est la loi.
"Est ce que je dois le faire ? " "Tu peux choisir"
"Est ce que je dois ?" " Non, c’est ton choix". Des centaines de fois par jour : "est ce que je dois ?"
Quand j’ai compris ça, j’ai compris qu’intérieurement, ils avaient déjà bougé, ils étaient déjà soumis.
Et ça a bougé à partir de là. La deuxième année, ils disaient "je ne vais pas faire ça", des centaines de fois par jour.
Là, on s’est dit "c’est la fin de l’école, c’est trop dur".
Pour certains enfants, ça a pris presque 2 ans de vraiment établir cette confiance que "si elle le dit, elle le pense vraiment, et que si je ne suis pas d’accord, je ne serai pas puni."
Ca nous demandait à nous, énormément de patience et de faire le deuil de ne pas être reçu, quand ils avaient le choix et disaient non.
Après avoir géré cette école pendant 6 ans, on a vu les résultats, Je savais qu’ils allaient se produire, car je sais dans mon cœur que les enfants allaient apprendre plus, parce qu’ils sont là et sont plus ouverts aux apprentissages. Ca s’est confirmé dans les tests. Et c’était très important pour les parents, car cette école n’avait pas l’impression d’être normale, les enfants s’amusaient tellement à l‘école, que les parents se demandaient s’ils apprenaient quelque chose »
Marianne Gothlin
Je dis aux enfants ce que je veux faire, pourquoi je veux le faire, et combien de temps ça va durer, et je demande si c’est ok pour tout le monde
Si quelqu’un dit "non", je dis "j’entends que pour toi c’est différent, je vais lancer ça, et après je reviens vers toi pour en parler."
Marianne Gothlin