Quel autre autre nom pour la CNV

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Communication NonViolente – La question du nom et de son éventuel changement

Intention

Avoir un nom :

  • qui représente le plus possible les valeurs véhiculées par la Communication non violente (CNV).
  • porteur d’un sens positif, plus ouvert et plus vaste qu’une négation de la violence.
  • suscitant une adhésion – plutôt qu’une réticence – spontanée (nombreux sont ceux qui en ont déjà fait l’expérience), donc un nom plus attractif et plus fédérateur ;
  • adapté à une appropriation collective massive qui nous semble de plus en plus à l’ordre du jour (projet Education…), un nom adapté à un mouvement mondial (cf. finalité décrétée par le CNVC en 2001).


Trois besoins fondamentaux nourris

  • D’identité (cohérence, appartenance).
  • De sens.
  • D’accomplissement de soi (beauté, création, expression).


Légitimation du nom actuel

  • Un des avantages du nom actuel est qu’il est clair sur ce qu’il ne veut pas.
  • Le nom actuel s’est inspiré de la non-violence « ahimsa » telle que popularisée par Gandhi, grande et belle âme. Cette notion apparaît en fait en Inde dès les Upanishads védiques (entre 1500 et 500 avant J–C.), et a été célébrée par nombre de saints indiens.

Inconvénients

  • Observons que la traduction de ahimsa par non-violence est le fruit d’une interprétation occidentale erronée.

En effet, ahimsa provient de himsa « dommage, nuisance, blessure », et du préfixe privatif a–, identique en français (amoral, athée…). Le sens originel de ahimsa est donc « anuisance » ou « non-nuisance ». Ce qui est bien différent de « non-violence ». De fait, les deux premiers supports de la non-nuisance mis en avant par les Écritures sacrées indiennes sont le respect et la compassion ; la négation de la violence n’apparaît pas. Cette dernière est donc une appropriation toute occidentale (au moins en tout cas en langues française et anglaise). – Il pourrait être intéressant d’étudier comment les occidentaux se sont appropriés cette notion indienne en fonction de leur problématique et de leurs besoins. La notion de « non-nuisance » a pourtant également été mise en avant en Occident, dès l’Antiquité, par Hippocrate notamment : « Ne pas nuire » est l’un des commandements du serment.

  • Le deuxième inconvénient, souvent remarqué par les néophytes, est que nier la violence c’est déjà lui donner de l’existence. C’est déjà évoquer la violence.
  • Ensuite, comme toute négation (« Il ne faut pas… »), nier la violence n’est-ce pas déjà violent ?
  • En outre, une définition par la négative (« voilà ce que cela n’est pas ») est peu stimulante pour de nombreuses personnes. Au lieu d’être « pour » quelque chose, on est « contre ». La posture ne nous semble pas « girafe » mais plutôt « chacal » (défensive).
  • Enfin, ce déni de la violence souffre d’une image et d’un risque d’angélisme et de manque d’ancrage dans la réalité et dans l’énergie vitale.

La violence procède de l’énergie vitale, dont elle est la forme brute et inconsciente. En étant dans le déni de la violence, le risque nous paraît réel de se couper de la réalité et de l’énergie vitale, de « jeter le bébé avec l’eau du bain » (expression horrible mais ici pertinente) ; et de créer un monde confinant à la bulle stérile et à la mièvrerie.

Il n’y a pas de sexualité ou de créativité artistique sans cette énergie vitale[1]. Coupé d’elle, je ne peux être pleinement moi-même. « Nous ne sommes pas vrais tant que nous nous gardons, seul l’éclair qui nous embrase tout entier révèle la chair à l’esprit, et l’esprit à la chair » disait S. Zweig (M’éloignes-tu...). « Seul qui se perd entier est donné à lui-même. Seulement si tu t’enflammes, tu connaîtras le monde au plus profond de toi » (Ouvre-toi...). C’est pourquoi « Avant de parvenir à la lumière, l’homme doit traverser sa propre violence[2]. »

L’ancrage dans l’énergie vitale correspondrait au hara japonais, célébré notamment par K. G. Dürckheim. Sans cet ancrage, le cœur est en proie aux sensibleries, et la pensée ergote dans des bavardages vains. Or voilà un jugement, quant à une dérive de la pratique de la CNV, qui a déjà été exprimé ici ou là.

Ainsi, de notre point de vue, arriver au résultat de la non-violence a plus de chances de se faire en conscientisant la violence et en la transformant, au service de la vie, plutôt qu’en la niant.

Notes et références

  1. « Comme A. Breton, je crois que ‘la beauté sera convulsive ou ne sera pas’ [...]. L’art met en jeu les forces présentes dans l’univers. Et la nature n’est pas doucereuse. [...] Il faut intégrer les forces violentes de la nature et les canaliser. » (A. Jodorowski, La tricherie sacrée, p. 56, 64).
  2. A. Jodorowski, idem, p. 66.

Procéder à une enquête

Au vu de ces éléments, nous pensons opportun de procéder à une enquête d’opinion, à l’intérieur et à l’extérieur de la communauté CNV, pour connaître le degré de satisfaction du nom actuel. Et, le cas échéant, recueillir des pistes pour un nom qui serve mieux les valeurs véhiculées par la CNV. Si, au vu des résultats du questionnaire (ci-joint), le Cercle France décide :

a) De ne pas examiner cette évolution :

  • Au moins nous aurons des éléments probants sur cette question.
  • Un encart sur le site pour communiquer sur le nom du mouvement pourrait alors être réalisé.

b) D’examiner cette évolution :

  • Il nous paraît important que le nouveau nom ne soit pas dans une polarité (ex : « communication bienveillante »), créatrice de facto d’opposition.

Nous privilégions plutôt un nom axé sur une faculté, comme : « communication présente ou consciente » « communication connectée »…

  • Notre démarche peut-être d’abord francophone ou mondiale en saisissant le siège mondial sur ce point.

Dans le cas d’une démarche d’abord francophone, nous pouvons arguer que les mots n’ont pas nécessairement la même portée et connotation d’une langue à l’autre, et que notre évolution consiste juste à proposer une nouvelle traduction de NVC.

  • A l’heure de la « Spiritualité pratique » (M. Rosenberg) et de « L’intériorité citoyenne » (T. d’Ansembourg), les valeurs véhiculées par la CNV virant de fait à un mode de vie, une manière d’être, la question que le nom reste axé ou pas sur la « communication » est également posée.
  • Un changement de nom poserait un défi marketing. A cet égard, nous pouvons garder à l’esprit que :

- plus nous attendrons, plus le changement sera lourd à opérer ;

- nous travaillons au bénéfice des générations futures ;

- des opérations de ce type, de bien plus grande envergure que celle de notre mouvement aujourd’hui, ont déjà eu lieu avec succès : BSN / DANONE, PHILIPPS / WHIRLPOOL, CREDIT LYONAIS / LCL...


Démarche soutenue par (dans l'ordre alphabétique):

Alexandra BARRAL

Alain BOURRUT-LACOUTURE

Sylvie COUDRET

Thomas DILAN

Aurélia DUBOURG

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