Utilisateur:Guilaine Mansion

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J’ai découvert la CNV en 2002, lors d’une formation proposée dans le cadre de la formation pour enseignant, dans l’académie de Charente Poitou. Elle était animée par Charlotte Duprez Mourman.

C’était une formation de 2 jours + 1 journée.

J’ai tout de suite adhéré. J'ai vu dans cette approche tout à la fois simple dans sa forme et profonde dans son essence, un repère pour m'aider à vivre au plus près de mes valeurs. .J'ai été touchée par la qualité de respect de chacun et d'accueil qui émanaient de l'animation. J'y pressentais un fabuleux outil pour exprimer son humanité dans le pragmatisme de la vie.

J’ai toujours été sensible aux mots et au langage, et les mots de Marshall Rosenberg résonnaient particulièrement juste en moi. C'est peut-être ce qui m'a amené à choisir de m'intéresser aux langues "étrangères", de les étudier puis de les enseigner, pressentant l'impact qu'elles pouvaient receler pour notre vie. Le langage porteur de lien entre les êtres humains est une notion qui m'est très sensible.

Elle a été renforcée par la vision d'avoir un langage qui sert à échanger non pas seulement dans une communauté, un pays, mais aussi de manière universelle. J’aime beaucoup cette conscience d' une forme de langage que tout le monde porte naturellement en soi, quelle que soit la langue "officielle" parlée.

Puis j’ai participé à un stage en immersion à Lyon, pendant 5 jours, animé par 4 ou 5 formateurs qui m'a donné le goût de participer aux ateliers de pratique en Vendée.

Le processus était lancé : j'avais plaisir à continuer à découvrir, à côtoyer des personnes partageant la même sensibilité . C'est plus de 500 heures de formation consacrées à m'imprégner de cette approche.

Mon intérêt, il y avait plusieurs années pour la démarche d'Antoine de la Garanderie appelée " la gestion mentale" m'avait amenée à m'interroger et prendre en compte le fonctionnement de l'élève dans la relation pédagogique. La CNV renforçait mon envie de mettre toujours plus de sens .


Au début la CNV a bouleversé un peu mes repères surtout dans mon rapport à l'autorité. Moins de fluidité dans mon expression, hésitations face à certains comportements d'élèves, un peu de déstabilisation propre au changement. En même temps c’était une étape.


Puis, s'est constitué un groupe d’enseignants dans l'établissement, dont le souhait était d'accompagner autrement les élèves "en mal être" ou en difficultés pas seulement "les caïds", mais aussi ceux qui expriment leur souffrance en étant seuls dans la cour, ou en échec scolaire.

S'est fait alors ressentir par le groupe le besoin d'un outil commun pour nous soutenir dans nos aspirations. J'étais très enthousiaste de proposer cette approche d'écoute parmi d'autres qui allaient vers la psychologie du comportement de l'ado. Une fois l'aval des collègues et du chef d'établissement, j’ai pris contact avec Charlotte et Thierry Duprez Mourman. Une première session de formation a été organisée pour la dizaine de profs du groupe suivie de 2 autres ,ouvertes à tous, sur la base du volontariat. Aujourd'hui une cinquantaine de profs est sensibilisée à la CNV dans l'établissement. Grande satisfaction !!!!!

Mon unique collègue d'espagnol a été tout de suite séduite.


Ce que j’ai utilisé en premier dans mes classes, ce sont les cercles de parole.

En 4è , en demi groupe, après avoir donné les règles de fonctionnement, ils s'exprimaient pour dire comment ils vivaient l’apprentissage de l’espagnol depuis 3 mois. (support) En début d'année de 3è, pour élaborer un bilan d'apprentissage de leur 1ère année, avec un questionnement sur ce qu'ils aimeraient apprendre.

C'étaient des moments que j'aimais beaucoup vivre : proximité dans le partage, prise en compte de chaque élève dans son individualité, relation d’égal à égal, mis en lumière de l'idée de partenariat, de responsabilisation et de créativité dans les stratégies d'apprentissage. Je l'utilise aussi pour faire évoluer une ambiance de classe plus favorable aux apprentissages. Proposition faite une année au professeur principal d'une classe de 3è, a l'issu d'un conseil de classe : j'ai rédigé la trame ; la classe s'est divisée en 4 sous-groupes accompagnés de professeurs disponibles : un temps de réflexion individuel, un temps de partage, un bilan en classe entière par la pp, des stratégies d'accompagnement. Un changement s'est opéré : une atmosphère plus posée.


Pour préparer les conseils de classe

Parler de besoins, plutôt que de faire des entrées en terme de "difficultés", : difficulté à comprendre, difficulté à se concentrer, est plus dynamisant, encourageant, et donne plus d’ouverture que notre langage habituel insistant sur les "manques" : tendance à mettre les élèves dans des tiroirs, « il est fainéant , précoce, instable, brillant,scientifique, etc" Intérêt et curiosité des représentants de parents d'élèves.

Accepter le retour des élèves sur la manière dont ils vivent un cours

Donner cette nouvelle entrée d'évaluation en besoins des apprentissages facilite le dialogue avec les élèves : passer de la critique aux besoins rassure chacun : les élèves dans leur manière de s'exprimer, moi dans ma manière de les entendre. Il m' est plus aisé d'entendre 'j'aimerais plus de temps pour m'entraîner " que "vous expliquez mal" ou j'aurais envie de parler des pays d'Amérique Latine pendant les cours" que "c'est nul ce qu'on fait en espagnol" . Pour moi c'est essentiel de mettre du SENS, de la CLARTE, donc de la COMPREHENSION et par voie de conséquence de me préserver.


Un congé de formation professionnelle pour se former à la CNV

Puis j’ai bénéficié d'un congé de formation professionnelle d'une durée de 12 mois, étalés sur 3 ans. La demande passe par le rectorat, avec motivations, intitulé de formation, justificatifs de présence mensuels.

J ai beaucoup de reconnaissance d’avoir pu bénéficier de ce congé formation. Il a grandement facilité la mise en oeuvre du processus de certification que j'avais engagé. J'avais ce qui est le plus précieux à mes yeux : LE TEMPS ; le temps de diversifier les approches d'animation auprès d'une dizaine de formateurs certifiés, le temps d'intégration en revivant plusieurs fois les modules de base, le temps de prendre de la distance tout en faisant des liens avec ma pratique professionnelle : créations d'outils pratiques ; ce qui finalement a participé à développer de plus en plus le goût de la transmission de "cette langue" plus universelle. L'enseignement de l'espagnol devenait trop "étroite" .


Se donner du temps pour gérer les conflits avec les élèves

Je suis persuadée de l' urgence de se donner du temps, soit avec la classe, soit individuellement avec un élève, lorsqu'un conflit surgit.

Chaque moment d'échange pris avec un élève dans une intention de clarté et de bienveillance, en ayant à l'esprit que nous allons trouver un moyen pour combler les besoins de chacun dans une situation particulière, a contribué, dans de nombreuses situations,à changer quelque chose ; comme si il y avait passage d'une énergie "contre" à une énergie "avec".

Un petit questionnaire pour préparer la rencontre

Quand j’ai un souci relationnel ou une envie de mettre du sens sur l'apprentissage en général avec un élève, je lui donne un petit questionnaire pour poser les choses avant de se rencontrer :

  • description de ce qui s'est passé
  • qu'est-ce que ça a provoqué en lui ?
  • de quoi il aurait eu besoin à ce moment-là
  • qu'est-ce qu'il peut faire, lui, maintenant ?
  • est-ce que moi ou quelqu'un d'autre peut l'aider ?

Après l'avoir lu, je fixe un moment de rencontre. Je préfère un autre temps que la récré, trop écourté : un temps d'étude ou de vie de classe en accord avec le prof principal, ce qui favorise la cohérence et la circulation de l'information.


Prendre le temps de la relation ….

J’entends les profs dire « on n’a pas le temps ». Mais prendre le temps à un moment donné, fait gagner du temps. "Liant" rime avec "enseignement".

Ne serait -ce que leur demander « dites nous ce qui ne va pas, qu’est ce que vous aimez, qu’est ce qui vous aide à apprendre ? "Toujours en leur donnant "LES MOTS POUR LE DIRE".

Plus un élève perturbe, plus il est perturbé, plus il a besoin d’attention et de cadre Je reste convaincue de la nécessité de ce temps donné sous la forme d'écoute empathique. Mon expérience de cette année avec 4 élèves de 4è le confirme.

Il me semble essentiel de leur donner des repères clairs, en coopération avec eux parce que , j'ai pu observé, assez souvent, une relation "bancale" à l’autorité. Je reste surprise et ébahie, de leur capacité à entendre mes propres besoins : souvenir d'un dialogue avec un élève lorsque je lui demande de m'exprimer ce que je souhaite, moi, en tant que prof, lorsque je viens dans la classe . Un déclic s'est produit . Surprise aussi de l'élève .


Quelques situations

Il y a tellement de situations, je regrette de ne pas avoir le temps de les noter au fur et à mesure.

Avec une maman, représente des parents d’élèves, sans doute un peu pour pouvoir peser sur les décisions de passage de son fils d’une année à l’autre, et surtout gagner en sécurité autour de la scolarité de son fils.

Elle ne supportait pas l’idée du redoublement d’une manière générale.

Lors d'un entretien téléphonique, je me souviens très bien m'être branchée d'abord sur "écoute empathique",pour entendre ses doutes, ses craintes,son besoin d'être rassurée dans la voie la plus adaptée pour son fils .Puis avoir exprimé mon point de vue en termes de besoins: besoin de temps : pour assimiler, être à l’aise; lui donner ce temps, c’était lui donner du confort, et surtout le respecter dans son rythme tout en redonnant confiance dans sa capacité à apprendre. Elle a accepté le redoublement. J'ai entendu l'année suivante cet élève me dire, avec le sourire, que ça se passait bien pour lui.

Me remémorer cette petite phrase d'un élève de 4è dans ma fonction de prof principale « ah vous, vous savez parler aux élèves » fait partie des sésames dans des moments de découragement et malaises dans la relation.

Cette situation aussi : réunion de parents en début d’année, je me souviens avoir pris du temps avant pour me brancher sur mes intentions : je me sentais très sereine ; j'avais passé un enregistrement de leurs enfants exprimant comment ils vivaient cette rentrée : en sentiments et besoins, bien-sûr ! Je crois qu'ils ont été touchés de les entendre s'exprimer de cette manière. Un collègue venant faire la présentation de sa matière dans la classe a témoigné « quand je suis entré, il y avait une atmosphère …., on se sentait bien » En fait, je l’utilise pour plein de choses, dès qu’il y a un bilan à faire, quelque chose à clarifier, quelque chose à dire, à faire, j'utilise la trame : les 4 points/repères sont là. C’est tellement clarifiant, tellement structurant pour chacun des interlocuteurs


Ca m’apporte une affirmation bienfaisante

Cette année (2011-12),particulièrement, 3 groupes sur 5 s'annonçaient d'une gestion "délicate" : surcharge d'effectif (30 élèves), association "explosive" d'élèves étiquetés "perturbateurs" = en constant besoin de cadre, regroupement de demi-groupes classe aux motivations, compétences et rythme très éloignés, atmosphère bruyante, dispersée, non favorable aux apprentissages : beaucoup de situations à faire évoluer pour apprendre et enseigner avec plaisir.

Quand je me sens mal à l’aise, je m’assois, je me pose, je prends du papier, et je fais OSBD, qu’est ce que je veux ? Qu'est-ce qui se passe exactement ? qu’est ce que je mets en place ?

Il m’arrive aussi en début d’année, de prendre un temps pour redéfinir« qu’est ce que je veux vraiment vivre cette année dans ma posture d'enseignante ?» C'est l'écriture qui m'amène à me poser, me clarifier et m'ancrer le plus.

Je suis confrontée aux mêmes situations aux mêmes élèves difficiles à gérer que mes collègues. Dans ces cas-là, la CNV me permet de prendre plus de recul donc d'être moins touchée en me donnant cette capacité à "décrypter, décoder" : qu'est-il est en train d'exprimer derrière cette attitude ? qu'est-ce qui est en train de se jouer réellement ici ? Et moi, comment je me positionne ? Est-ce que c'est cohérent avec les règles de vie du cours ? Etant donné que je sais ce que je veux vivre, mes stratégies me viennent plus vite. Ca m’ancre et ça me dynamise. Quand on dit que le besoin donne une énergie extraordinaire, ça me donne l’énergie pour aller au bout de ce qui m'est possible de réaliser, sur le moment. Pour m'approcher de ma vision d'enseignement idéale.

Je sens quand je suis alignée ou pas , quand mon ton de voix est juste ou pas lors d' une répartie avec un élève, une gestion de cours : l'effet est immédiat ; la transformation de l'attitude, de l'atmosphère s'opèrent. Dans les 2 sens : favorable ou non favorable; Les élèves ont besoin d’un adulte qui va poser des limites tranquillement et fermement. Ils ont besoin de sens, ils ont besoin de cadre.

Avec 4 élèves « perturbateurs », constat : regroupement d'élèves de 2 classes de 4 è au profil très différent : dans une , un effectif de 21, avec 4 élèves repérés comme " perturbateurs", + 1 élève n'ayant pas le niveau : résultat d'un jeu de choix d'options : classe déjà identifiée par les responsables "a motivation faible et à gestion périlleuse"en début d'année. Dans l'autre, des élèves avec le maximum d'options : curiosité, ouverture, envie d'apprendre, autonomie : intelligences fortes en accord avec ce qu'attend d'eux le collège. Dans le regroupement pour les langues, après répartition des élèves apprenant l' allemand, et de ceux apprenant l' espagnol, le groupe que j'ai à gérer totalise non pas 21 mais 30 élèves, dont les 4 « perturbateurs » = en recherche de motivation et de cadre approprié. Autre constat , défavorable, à mes yeux : 2 heures de langue sur 3 en dernière heure de la journée.

Résultat : beaucoup de dispersion, peu d'acquisitions pour certains, gêne pour les autres, épuisement pour moi : fréquents arrêts pour rappeler le cadre , effet "d'alimentation" et d'escalade pour ces 5 élèves et les autres. Je décide de partager mes observations avec les profs enseigant aux 5 "concentrés d'agitation" (terme d'une élève pour les désigner ) : même constat . le professeur principal avait déjà prévu des rencontres avec leurs parents. Puis l'échange avec mes collègues confirme mes perceptions : ils vivaient la même chose mais cela ne donnait pas forcément de solutions : je me sentais toujours assez désorientée . Le professeur principal fait le point en vie de classe, redonne les règles, le cadre. Mon groupe étant unique , je décide de mettre quelque chose en place pour faire évoluer cette situation.

En collaboration avec le professeur principal

3 étapes :

  1. 1- temps de réflexion individuelle pour tout le groupe classe à partir d'une trame (support)
  2. 2- bilan collectif (accord général sur le non respect de certaines règles de vie du cours:

concentration, respect de chacun ; les demandes possibles adressées à certains élèves faisaient apparaître ces élèves sus cités ( la notion de demandes n'implique plus "balances".

  1. 3-rencontre avec ces 5 élèves pour leur présenter le dispositif mis en place en leur

redonnant le sens :

a) ils viennent prendre la trame des règles du cours en début de l'heure : support concret, responsabilisation

b) il la remplisse et me la remette en fin de cours

c) dans le cas de trop de dispersion donc de gêne pour le groupe et moi-même : accueil et apprentissage seul dans un autre espace (vie scolaires autre salle de classe, salle d'étude, toujours en accord avec les personnes concernées : responsable de vie scolaire, surveillant, professeur principal.

d) note des faits sur le carnet de correspondance (mode d'information des parents et du pp. : transparence, cohérence, clarté, collaboration)

Premier cours de la mise en oeuvre : écoute, intérêt, tranquillité de l'ensemble du groupe : grande satisfaction pour moi et pour un élève qui exprime "ah, oui, là j'ai appris quelque chose". Je l'ai tout de suite encouragé en notant sur leur carnet de correspondance ce que j'avais apprécié.

Ceci a fonctionné pendant 2 semaines. Je l'ai arrêté lorsque le professeur principal s'en est inspiré pour instaurer le même principe de suivi pour tous les cours. L'expérience a montré que l'absence de ce cadre a bousculé un peu ce qui avait été instauré ; perte de repères. J'ai été amené à créer une autre mode de suivi sous forme de rencontres individuelles.

Avec l'un d'eux il a été convenu d'un mini entretien oral à la fin de chaque cours ; accord mutuel pour fonctionner 2 semaines .A l'issu de cette période, bilan de l'élève : il veut poursuivre :"ça me structure" explique-t-il à sa prof. principale.

Je suis convaincue que plus un élève donne des signes de non attention, de non intérêt, plus il a besoin d’attention, de repères, de cadre, bienveillant évidemment, en lui redonnant le sens.

Je reste étonnée et stimulée de cet impact.

Je me souviens de la demande de l’un d’eux dans le bilan écrit, dans la colonne : que voulez-vous demander au prof ? " plus d’écoute".

C'est assez clair pour moi : dans sa représentation de l’adulte, de l’autorité, l'élève lui demande plus d’écoute .C'est déjà une forme de valorisation.

L’écoute à ce qu'on vit , n'est-il pas le plus beau cadeau que l’on puisse donner à quelqu’un ?

En fait, j’ai juste prêté une attention particulière à ces élèves.

Ces élèves existaient à mes yeux , par cette attention et non par les savoirs en langue étrangères.


Evolution dans ma manière d’enseigner

Mon enseignement va de plus en plus vers l’autonomie, et je suis agréablement surprise du résultat, parfois, même dans des groupes "difficile"…. , quand je prends le temps de donner le sens : je donne le cadre, des consignes très claires.

J’ai expérimenté le fait qu’ils se choisissent pour former des groupes pour travailler à 3 ou à 4.

Je leur ai demandé de se choisir dans la mesure où c’était aidant pour eux, et que s’ils ne se sentaient pas à l’aise pour choisir, de crainte de voir l'association dévier de l'objectif ,de me le signaler : 3 élèves m’ont dit, « je ne veux pas décider, car je sais que je vais aller avec elle et que je ne vais pas travailler »

Dans le cas où ils n'ont pas accès à leur capacité de se donner leurs propres limites, c'est moi qui la donne. Ce qui me semble important c'est l'expérimentation. 3 élèves au même profil forment un groupe . Avertissement de ma part : « vous croyez vraiment que le fait de vous mettre ensemble va vous aider ? »

Ils m’ont répondu « vous savez c’est plus facile d’être avec quelqu’un du même niveau que soi. Quand les autres vont plus vite, on est dépassé »

Moi de l’extérieur, j’aurais tendance à créer des groupes avec des niveaux variés. Dans ce cas là, je suis plus attentive à ce groupe là, je reviens plus souvent, car la tendance à digresser était forte. Je repose la limite « si vous avez du mal à travailler, c’est moi qui vais décider »


Eviter l’épuisement..

Je me sens parfois limitée par la structure, l'organisation, les habitudes de fonctionnement : j'aimerais développer un confort de temps dans un cours avec une plage d'1H30 ; faciliter la mise en place de groupes en autonomie, créer un SAS = accueil , pas exclusion, pour les élèves non disponibles momentanément à l'apprentissage (gain d'énergie et de plaisir), organiser des groupes de besoins, du tutorats entre élèves.

Face à cela, je suis davantage capable de repérer mes limites et poser des choix plus adéquats pour moi, ceci me donne une forme de tranquillité: ce fut le cas cette année lorsque j'ai constaté à certaines périodes ma difficulté à récupérer, mon manque de force, d'élan : je me suis sentie à l'aise en me donnant une pause (sous forme d'arrêt de travail) pour prendre de la distance et éviter l'épuisement.

Aider une classe à retrouver une ambiance agréable et une dynamique de travail Début du deuxième trimestre : une classe recherche un professeur principal pour remplacer celui qui vient de partir en congé maternité.

Peu d'enthousiasme à pourvoir ce poste dans l'équipe professoral . Malgré la multiplicité des tâches qui m'incombent cette année : animation cnv de 2 groupes, déménagement, rénovation en vue de la création de chambres d'hôtes et lieu de résidence d'artistes et création, choix de réduction de mon temps au collège pour me consacrer aux projets cnv éducation, j'accepte d'expérimenter cette responsabilité en binôme avec ma collègue prof d'anglais, portée par l'envie de vivre une autre relation , en français, et de me donner le défit d'aider cette classe à retrouver une ambiance agréable et une dynamique de travail. Forte de l'expérience d'une classe, je propose les 2 premières étapes du processus . Un élève, principalement influençait négativement la classe. je vais l'appeler "Paul" Les élèves y voient une occasion d'expression sincère, ce qui nous permet d'entamer quelques dialogues individuels de résolution de situation : une élève jetait de l'encre sur les voisins de la table de devant, une autre souhaitait que sa voisine de devant cesse de se retourner, d'autres demandaient que certains soient plus respectueux envers les profs,… Presque tous avaient pointé le bavardage, générateur de bruit, de dispersion, de ralentissement dans les apprentissages.Nous avons relevé 6 points essentiels de vigilance pour amener le groupe à évoluer. (voir support). Ils ont été affichés dans la classe comme repères communs pour les élèves et les profs . Ils figuraient aussi sur une fiche élève d'autoévaluation, suivie d'une évaluation collective en vie de classe afin de ponctuer les avancées. Bilan individuel noté sur le carnet de correspondance de la moitié des élèves chacune. Processus qui requiert du temps : du temps pour rencontrer les élèves, de concertation entre nous, beaucoup de clarté dans notre manière d'appréhender les situations, d'expression des appréciations d'élèves.

Jusqu'ici ça fonctionne : quelques progrès. Le frein : l'influence de Paul qui gangrène le groupe, nous alertons, avertissons des faits les responsables ; d'autres garçons sont dans l'imitation de ses attitudes pour se faire accepter par le groupe, dépassement de limites : nous découvrons plus tard des faits répétés de harcèlement envers les filles, sousestimés par les responsables. Décision enfin de convoquer "un conseil d'éducation", en prévention d'un "conseil de discipline". 2ème expérience de ce type au collège. Avantage : créer un espace d'échange et d'expression de tous les acteurs intervenant auprès de l'élève y compris l'élève lui-même. J'ai pu attirer l'attention de veiller dans les interventions de chacun à distinguer les faits des jugements et interprétations, à exprimer ce que nous avons pu apprécier, à signaler ce que nous souhaiterions en terme de besoins, pour terminer par des demandes précises pour chaque matière. Celles-ci ont été répertoriées dans un tableau hebdomadaire, présenté à chaque fin de cours pour évaluation par le prof : "R pour respecté" ou NR pour "Non Respecté". Progrès au départ ; perte, oublis de la fiche . . Cette élève sera finalement exclu du collège 2 semaines avant la fin de l'année.

D' d'autres éléments se conjuguent et contribuent à ralentir l'efficacité du processus vers une autre dynamique :

  • temps de réactivité des responsables trop long ; de notre binôme aussi parfois.
  • différence avec ma collègue dans la façon de mener la prise de parole
  • besoin de poser des limites plus claires en terme de temps d'expérimentation d'un

suivi, d'échelle dans les sanctions avec cet élève.

  • lassitude de ma part et de ma collègue : presque chaque jour des faits nouveaux à

gérer dans cette classe et les autres; effet d'accumulation

  • besoin de plus d'ouverture pour explorer des solutions nouvelles face à certaines

situations ; ex: reconsidérer la constitution d' un groupe "conflictuel", en répartissant quelques élèves, parfois un seul suffit dans une autre classe.

  • faire évoluer la vision "d'exclusion" d'un élève de l'établissement : vue, non

comme rejet mais comme une protection pour les autres et lui-même (éviter l'escalade), une opportunité de changement et d'évolution. C'est mon avis dans ce cas-là.

  • perte importante de repères des élèves dans la gestion de cours et la relation aux

profs pour cette classe (déplacements, tricheries, contestations : deux professeurs en grande difficultés relationnelles et impuissance à les soutenir.

Mon constat : satisfaction de voir ma perception juste de ce groupe dès le début de l'année et frustration de ne pas avoir été entendue ; besoin d'accepter mes propres limites dans ma contribution à faire progresser une atmosphère de classe ; nécessité de beaucoup de communication, de cohérence dans une tâche menée en commun ; faire le deuil de la "magie" qui n'est pas au rendez-vous dans tous les groupes .


Les repères que donne la CNV, c’est une efficacité et une clarté pour la mise au point ça me permet de m’affirmer, de savoir ce que je veux, ce que je demande, d’impliquer les élèves


pdf.png Fiche bilan élèves avant conseil de classe info.png

pdf.png Fiche expression élèves pour professeurs avant conseil de classe info.png

pdf.png Comment je participe à créer une atmosphère dans le groupe info.png