La joie d'être père (ou mère)/Bronchiolite et Ventoline : Différence entre versions

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Version actuelle datée du 4 octobre 2009 à 21:20

Jolis noms pour sacrées saloperies.

Alors qu’il avait quelques mois, un Titouan fiévreux et crachant ses poumons comme un vieux loup de mer élevé au tabac à chiquer nous convainquit d’appeler SOS pédiatre qui se matérialisa sous forme d’une doctoresse efficace au diagnostic sans appel : « Il souffre d’une bronchiolite [1] ».

C’était visiblement de saison puisqu’elle sorti deux ordonnances pré-remplies, l’une pour les séances de kiné-respiratoire, l’autre pour différentes décoctions médicinales, dont la ventoline.

Je passerais rapidement sur les soins de kiné-respiratoires qui déclenchèrent des hurlements de terreur de mon bébé qui, plus d’un an après, me glacent encore le cœur. Ça reste à ce jour et j’espère pour toujours, mon expérience la plus traumatique en tant que père. L’humanité des kinés n’y change rien. Ni l’efficacité. Titouan ayant bien été guéri à la fin des 10 séances prescrites.

Ce traitement physique s’accompagne de pulvérisations de ventoline, produit destiné à dilater les bronches.

Pour permettre à votre boud’chou de respirer ce gaz, vous disposez d’une sorte de pistolet en plastique de 30 cm, tout droit sorti de l’arsenal des Men In Black, avec masque de pilote de jet pour recouvrir bouche et nez de votre cible filiale. 4 pulvérisations, 10 respirations, 4 fois par jour et les abominables muscs visqueux qui auraient résisté au Darkiné Vador sont voués à la dissolution dans un trou noir sidéral.

Est-il la peine de vous préciser qu’à l’approche du dit engin, votre fils se sent une âme de Jeidi révolté ? Que dans ce contexte 10 respirations sont une éternité ?

Je me décidais donc à adopter la technique enseignée par un des kinés : à cheval sur Titouan, une jambe bloquant son bras, un bras bloquant la tête et le bras restant, il ne me restait plus qu’à le harponner avec le masque pour réussir les 10 inhalations. J’avais bien un peu l’impression en faisant cela de céder au côté obscur de la force, mais mon passé de judoka et mon envie de l’aider à guérir rapidement se conjuguaient pour approuver l’efficacité de la méthode.

Notre assureur zéro tracas nous permettant de bénéficier d’une garde à domicile pour ce type de situations, nous eûmes la chance de bénéficier d’une nounou avisée et expérimentée, elle-même mère de 3 grands enfants :

« Ne vous y prenez pas comme ça. Vous lui faites peur. Imaginez si il venait à faire de l’asthme et doive suivre quotidiennement ce traitement, vous vous préparez un enfer. Il faut le faire jouer ! »

Je pensais en moi-même « Jouer…mais bien sûr…avec le pistolet plus gros que lui ? et il va le mettre bien en place et le garder ? Exit Georges Lucas Production, bienvenue dans le monde merveilleux de Walt Disney ! » En même temps, une méthode plus respectueuse de Titouan méritait d’être essayée.

Dans les jours qui suivirent, sa mère et moi le laissâmes donc prendre en main l’inhaleur, lui chatouillons le corps et le visage avec le masque en plastique et trouvions toute sorte de jeux destinés à le familiariser avec l’engin. Nous essayons de l’inciter à tenir lui-même le masque devant son visage tandis que nous pulvérisions la ventoline, tout en maintenant légèrement sa tête dans l’axe. Dès qu’il tournait la tête pour se dégager, nous le laissions faire.

Il est clair que de moins de 2 minutes, la séance s’étira rapidement au-delà des 10 minutes et que de nombreuses pulvérisations se répandirent dans la pièce. Mais, vaille que vaille, il respirait plus ou moins sa dose quotidienne.

Sans pleurs.

Sans peur.

Après sa guérison, sa pédiatre nous ayant conseillé de lui administrer de la ventoline dès qu’il semblait avoir les bronches prises ou avoir du mal à respirer, nous eûmes encore quelques fois l’occasion d’utiliser l’arme fatale. Avec de plus en plus d’amusement pour lui et donc de facilité pour nous.

A 26 mois, il eut une deuxième bronchiolite à soigner uniquement avec la ventoline (pour notre plus grand soulagement).

Au jeu du masque s’ajoutait la joie de faire « tout seul » (voir autre texte) ; il s’appliquait donc à sortir l’inhaleur de sa boite, défaire le bouchon de la ventoline, secouer le tube et placer le masque sur son visage et inversement pour tout ranger.

Sa baby sitter Caroline, eu même le trait de génie de l’inciter à compter les pulvérisations en même temps qu’elle « Un …deux …trois……..dix ». Ce qui devient illico presto son nouveau centre d’intérêt lui faisant complètement oublier le masque.

C’était devenu un vrai jeu.

Que la vie soit avec toi mon fils.