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Sommaire
- 1 Phase de dispersion (besoin de célébration)
- 2 Exercices d’application de la CNV dans mon quotidien
- 3 L’animation non-directive du groupe de pratique
- 4 Les paradigmes de la non-directivité
- 5 Signaux émis par l’animateur qui augmentent le risque d’un jeu de pouvoir
- 6 Ecoute des ressentis et attention au non-verbal
- 7 Jeux pour ressentir où se trouve la personne dans son corps
- 8 Les variations non verbales
- 9 Articles connexes
Phase de dispersion (besoin de célébration)[modifier]
La célébration est, entre autres, la forme que prend le bilan en CNV. Ce moment est un temps d’intégration de ce qui a été vécu et tout ce qui a été vécu est prétexte à remercier. Si le temps restant à disposition le permet, il se vit au moyen d’ un tour de cercle. Sinon, chacun peut prendre deux ou trois minutes pour lui-même.
C’est également le moment de faire le lien entre cette expérience et mon quotidien, en me questionnant si j’ai appris quelque chose qui me servira demain ou plus tard. Pendant cette phase, la recherche de demandes concrètes prend particulièrement du sens et peut être posée comme règle.
Je regarde quels besoins j’ai satisfaits au cours de cette séance et quelle action trouver pour poursuivre cet apprentissage. Plus apprenant encore, je regarde quels besoins sont insatisfaits et quels sens je peux en tirer.
La célébration est suivie, si les disponibilités le permettent, d'un temps de séparation convivial.
Exercices d’application de la CNV dans mon quotidien[modifier]
Attention au rythme
Tendre l’oreille dans les lieux publics et être attentif à des conversations dont j’entends le rythme, mais pas les paroles.
Quelles sont celles dont la mélodie est harmonieuse et pourquoi ?
Attention aux jugements et aux croyances
Essayer un maximum de fois quand j’entends un jugement ou une croyance de me relier aux sentiments et aux besoins derrière.
Conscience des tensions
Quand je constate que je suis pris par un jugement ou une croyance, je marque un temps d’arrêt et je me relie aux sensations corporelles.
J’essaie de devenir de plus en plus conscient des tensions provoquées en moi par ce genre de pensées.
Temps d’écoute de moi dans la journée
Définir des moments de la journée, ou des intervalles de temps, favorables à des arrêts auto-empathiques. Prévoir en fin de journée un mini-bilan de ces temps d’écoute. Si j’ai sauté certains moments, est-ce que j’arrive à saisir quel est le mécanisme qui a suscité ces absences ?
Créer le réflexe empathique
Chercher les situations où j’ai l’habitude de rétorquer à un interlocuteur alors qu’une reformulation empathique serait plus pertinente.
Progression : reformuler régulièrement cette personne dans mes dialogues avec elle, en essayant d’y mettre le plus de naturel possible.
L’animation non-directive du groupe de pratique[modifier]
Dans un groupe en CNV, nous visons à la satisfaction des besoins mutuels en respectant les limites des ressources en présence (espace, temps, compétences, capacité à s’écouter, à choisir, à se remettre en question, maturité, expériences, énergie, etc.).
Plus il y a de ressources, plus nous allons vers la non-directivité, moins il y en a et plus nous allons vers la directivité. Ce qui implique que le mode de décision naturel lié à la CNV est le consensus.
Les modes de prise de décision
1. Directif (l’autorité, le chef, l’arbitre, le directeur prend la décision)
2. Démocratique (le groupe le plus important emporte un vote)
3. Participatif (recherche d’un accord, avec le recours à un vote en cas de blocage, basé souvent sur une majorité conséquente)
4. Consensuel (recherche de la satisfaction des besoins mutuels, avec la possibilité pour une seule personne de bloquer le processus de prise décision
Dans un groupe où il n’y a pas de formateur expérimenté, la présence d’un animateur est précieuse. L’autogestion demande des compétences généralement trop ardues pour des personnes qui sont là avant tout pour apprendre la CNV.
L’animateur soutient le groupe et c’est reposant pour tous (sauf pour lui). Mais cette animation peut tout à fait être tournante, cela augmente petit à petit les compétences du groupe et cela concourt à bien des prises de conscience pour ceux qui acceptent de prendre le rôle d’animateur.
Il est bien sûr souhaitable de faire preuve de souplesse dans la forme. Certains moments douloureux peuvent demander de la directivité pour aider à leur déblocage.
Par exemple, l’animateur pourrait dire « Je constate que nous discutons depuis plus d’une demi-heure et que nous n’avons pas réussi à prendre de décision. Les conditions ne me paraissent pas propices pour y arriver et, pour préserver l’énergie de tous, je clos le sujet pour l’instant ».
Il y a pour l’animateur deux manières de gérer les conflits et autres situations sensibles :
- en essayant d’amener l’attention au niveau des sentiments et des besoins
- ou en essayant d’augmenter la créativité du groupe (par exemple, en posant la règle que ceux qui expriment une opposition doivent proposer une alternative constructive).
Quelques indications pour faciliter la recherche du consensus
Dans un premier temps, lâcher les objectifs et les stratégies, aller nulle part, afin de donner leur place à l’expression des besoins. Plus je suis vide de pensées, plus je peux me relier à des besoins profonds et je vais être créatif dans mes demandes.
Eventuellement poser un cadre sécurisant. Par exemple que, si d’ici une heure le consensus n’est pas atteint, nous passerons à un vote à la majorité des deux tiers des votants.
Si le groupe traverse un moment de confusion ou de tension, l’animateur peut rappeler l’intérêt pour l’apprentissage de la CNV de ces moments.
Il peut rappeler aussi notre co-responsabilité dans toute tension du groupe, notre pouvoir d’influence mutuelle (par exemple avec notre tranquillité) et la possibilité pour chacun de revenir à la bienveillance, cette base de la CNV.
La bienveillance peut se travailler en atelier. Elle se muscle et c’est fondamental, car elle est une ressource précieuse dans un groupe. Mais elle demande une capacité de lâcher prise.
Dans les ateliers, il est intéressant de travailler aussi l’auto-empathie, afin d’augmenter la capacité d’autonomie de chacun.
Si l’agitation est trop grande dans le groupe, l’animateur peut proposer une stratégie pour lâcher un peu de la tension du système : faire un exercice corporel, aller prendre la pause ou autre.
Comment chacune et chacun peut soutenir le groupe ?
En ayant conscience de mon besoin d’empathie et en essayant de le gérer moi-même.
En prenant le temps de me clarifier avant de prendre la parole.
En parlant à partir de moi et en précisant ce que je souhaite, plutôt que ce que je ne veux pas.
En assumant mes jugements, plutôt que de les projeter sur les autres.
En faisant une demande concrète et positive, et en précisant de qui je veux quoi.
En prenant en compte la demande exprimée par la personne précédente.
En reformulant une personne que j’ai mal comprise, plutôt qu’en réagissant.
En restant dans le fil du sujet.
En gardant la conscience des besoins du groupe.
Les différents rôles de l’animation
1. Facilitateur (distribution de la parole, synthèse, cadrage)
2. Reformulateur
3. Porteur du projet
4. Porteur de l’information
5. Mémorialiste
6. Visualisateur
7. Gardien du temps
8. Gardien du rythme
9. Gardien du recul (de l’humour)
10. Gardien du processus de CNV
11. Gardien de la production, réalisation
Les marqueurs de la parole
Pour faire mieux saisir les enjeux de la prise de parole dans un groupe, il est intéressant de travailler avec des marqueurs de la parole (ou médiateurs).
En utiliser trois amène le plus de fluidité :
1. Un pour l’animateur : le groupe lui a donné le droit à la parole qui est ainsi marqué par le médiateur de la parole, sinon son intervention peut être considérée comme une prise de pouvoir.
Il est au service du groupe, il reformule. Ce médiateur peut circuler entre les co- animateurs, il a une fonction de facilitation.
2. Un autre qui est donné à celui qui s’exprime.
3. Un dernier qui est utilisé en cas d’urgence :
Par exemple, quand l’animateur voit quelqu’un trépigner, il peut le lui remettre.
Ainsi, il se calme, car il sait qu’il va avoir ensuite son tour de parole.
Les paradigmes de la non-directivité[modifier]
La non-directivité est basée sur une confiance dans les moyens de chaque individu, pour autant que son environnement soit suffisamment favorable.
L’animateur agit donc sur l'environnement et non sur les personnes.
La non-directivité demande une richesse de l'environnement : espace, temps, énergie, moyens, ressources, disponibilité, informations, etc. La pauvreté de l’environnement amène automatiquement à des formes de directivité.
La part la plus importante de l’environnement est notre monde intérieur : confiance, capacité de se remettre en cause, ouverture, créativité, etc.
Pour vivre la non-directivité, il y a nécessité d’un certain niveau de conscience et de prise de responsabilité des membres du groupe.
Plus haut est le niveau de conscience et plus haute est la prise de responsabilité (il y a interdépendance entre les deux).
L’attention est mise d’abord sur la satisfaction des besoins mutuels, et non sur les stratégies.
Les règles et les rôles sont évolutifs, au service des changements des besoins.
En cas de difficulté dans un groupe, l’animateur peut proposer des changements des règles ou des rôles en cours.
Le respect de la parole est important pour assurer une sécurité de base et créer un équilibre avec la fluidité des règles.
Des rôles d’autorité sont possibles, conférés par le groupe. Des personnes peuvent exercer un leadership au service de tous.
Les décisions se prennent par consensus, aidées par des sondages réguliers.
Dans certaines situations importantes, il y aura primauté de l'individu sur le groupe, dans la conscience de notre interdépendance.
Signaux émis par l’animateur qui augmentent le risque d’un jeu de pouvoir[modifier]
Occupation du centre de l’espace ou d’une position surélevée.
Prise de parole en premier ou en dernier.
Prise de parole plus importante que les autres membres du groupe, sans vérifier que cela réponde bien aux besoins de tous.
Ne pas s’exprimer alors que tous les autres membres du groupe l’ont fait.
Absence de signes de concertation, de questions, de demandes ou d’interactions envers les membres du groupe.
Poser des croyances comme des faits.
Vouloir imposer ses idées ou même chercher à convaincre.
Donner une attention particulière à quelqu’un sans préciser les besoins nourris.
Garder pour soi certaines informations concernant ou intéressant d’autres personnes.
Conserver un rôle immuable.
Faire des comparaisons.
Donner rapidement des conseils.
Ne pas appliquer pour soi les règles du groupe.
Ne pas s’impliquer dans les exercices proposés.
Ecoute des ressentis et attention au non-verbal[modifier]
L’attention au non-verbal est importante, car elle facilite l’accès aux ressentis. Pour permettre le fonctionnement en profondeur de la CNV, l’attention doit moins se porter sur le choix des mots que sur la façon dont ils sont chargés de ressentis.
Ce qui permet la transformation en profondeur de nos blessures du passé, n’est pas l’évocation du ressenti au moment de la blessure, qui est de l’ordre de la mémoire, mais l’accès au ressenti de l’instant quand j’évoque le passé.
Notre culture nous conditionne à beaucoup retenir nos émotions. La CNV nous permet de non seulement retrouver l’accès à nos émotions, mais d’en découvrir les freins et les besoins cachés derrière.
Les émotions sont les couleurs de la vie, le sel de l’instant. Si j’ai la chance d’être inquiet, mélancolique ou heureux, c’est dommage de chercher à comprendre pourquoi, si je comprends, je vais perdre le lien avec mon émotion.
Le détachement auto-empathique me permet de mieux goûter l’intensité de ce que ressens, parce que je ne vais pas me croire fâché quand je ressens de la colère : elle est seulement la qualité de ce que j’écoute.
Expliquer une situation est contre-productif pour la personne écoutée, cela la décentre et l’encombre. Avec la CNV, nous créons une contre-culture, puisque nous mettons l’accent sur comment nous ressentons les situations plutôt que de raconter les situations.
Cet accent est particulièrement fort avec l’auto-empathie, idéalement la personne accompagnée ne dit rien de l’histoire qui est son prétexte à s’écouter et part de la résonance de cette histoire à l’intérieur d’elle, dans l’instant.
Jeux pour ressentir où se trouve la personne dans son corps[modifier]
1) Se mettre par deux, l’un devant l’autre
Celui qui est devant pense à une situation neutre (il évoque un personnage de BD).
Puis il pense à une situation précise.
Il laisse venir le sentiment que cela génère.
Il descend dans son besoin.
A chaque étape, celui qui est derrière teste la stabilité de celui qui fait l’exercice.
2) Une personne prend un sujet de préoccupation et l’exprime à un vis-à-vis qui lui donne une écoute empathique.
Les observateurs montrent avec la main où se trouve celui qui exprime son sujet de préoccupation (niveaux de la tête, du cœur, du ventre) : · Pensée · Sentiment · Besoin
Les variations non verbales[modifier]
Quand l’attention se fixe au niveau mental
Ton
· Le débit de la parole est rapide, avec des phases d’accélération.
· Beaucoup de mots sont exprimés.
· Le rythme a tendance à être saccadé.
· La voix monte vers les aigus.
· Le timbre est plus sec et l’intonation peu variée.
· Souvent, le son traîne à la fin des phrases et peut devenir par moments nasillard.
Expression corporelle
· La respiration est courte et haute.
· Tensions musculaires du visage, par moments le front se plisse.
· Les yeux partent vers le ciel.
· Mouvements vifs des membres, avec des gestes parfois saccadés.
· Le corps a tendance à se pencher vers l’avant.
Quand l’attention se porte au niveau des sentiments
Ton
· Le débit de la parole devient plus fluide, avec des périodes de ralentissements et d’accélérations marquées.
· Le timbre est mélodieux et plein, l’intonation est plus variée.
· Des temps de silence apparaissent.
Expression corporelle
· Les yeux deviennent plus humides, avec parfois la venue de larmes.
· Le visage vit des moments de détente.
· Mouvements plus harmonieux des membres.
· Des sensations de froid ou de chaleur peuvent apparaître.
Quand l’attention se porte au niveau des besoins
Ton
· Ralentissement du débit de la parole.
· Peu de mots sont exprimés.
· Longues phases de silence avant la connexion avec des besoins profonds, où l’énergie se concentre.
· Longues phases de silence après la connexion avec des besoins profonds, où l’énergie se déploie.
· La voix descend dans les graves.
· Timbre plus posé et plus calme.
Expression corporelle
· Position corporelle plus stable, plus posée, une verticalité du corps se dessine.
· Relâchement corporel, apparition de soupirs et de phases de détente.
· Ralentissement des mouvements avec une tendance vers l’immobilité.
· La respiration devient de plus en plus ample, avec des mouvements du ventre.
· Le regard se tourne vers l’intérieur et a tendance à descendre.
Exercice pour se relier au ressenti de l’instant :
Prendre une situation passée (d’hier ou d’il y a vingt ans).
Se rappeler quels sentiments je ressentais alors.
Se relier aux sentiments présents maintenant.
Puis, les laisser évoluer, sans chercher à les contrôler.
Comparer les sentiments du passé et du présent.
Ne pas oublier qu’il y a trois critères pour vivre la CNV :
- être présent
- au ressenti
- de l’instant