Jardin d'enfants Léopold 1er (Bruxelles) : Différence entre versions
m (Ajout rapide de la catégorie Catégorie:Maternelle (avec HotCat)) |
|||
(5 révisions intermédiaires par 2 utilisateurs non affichées) | |||
Ligne 5 : | Ligne 5 : | ||
'''Formation donnée par Muriel Hemelsoet sur trois ans | '''Formation donnée par Muriel Hemelsoet sur trois ans | ||
− | à raison de 10 séances dans chaque classe par année, de 2007 à 2010. | + | à raison de 10 séances, d'1h, dans chaque classe par année, de 2007 à 2010. Les 10 journées d'intervention de Muriel sont réparties sur l'année. |
− | + | ||
+ | La formation dans les classes est précédée d’une formation initiale de deux jours pour tous les enseignants de l’école, et complétée par des réunions régulières de supervision.''' | ||
Ligne 68 : | Ligne 69 : | ||
[[Catégorie:Témoignage]] | [[Catégorie:Témoignage]] | ||
[[Catégorie:Education]] | [[Catégorie:Education]] | ||
− | |||
[[Catégorie:Maternelle]] | [[Catégorie:Maternelle]] | ||
+ | [[Catégorie:Milieu scolaire Belgique]] |
Version actuelle datée du 28 janvier 2014 à 15:24
Retours de quatre enseignantes (de 1ère à la 3e maternelle) qui ont suivi dans leurs classes la formation en Communication NonViolente au Jardin d’enfants Léopold 1er, à Laeken (Bruxelles).
Formation donnée par Muriel Hemelsoet sur trois ans à raison de 10 séances, d'1h, dans chaque classe par année, de 2007 à 2010. Les 10 journées d'intervention de Muriel sont réparties sur l'année.
La formation dans les classes est précédée d’une formation initiale de deux jours pour tous les enseignants de l’école, et complétée par des réunions régulières de supervision.
Sommaire
Cette formation a apporté en tant qu’adulte[modifier]
une remise en question professionnelle et personnelle. Elle nous invite à poser un regard différent sur les conflits et nous donne des outils concrets pour les gérer. Nous constatons que nous avons intégré une manière différente de s’adresser aux enfants. Nous prenons plus de temps pour le dialogue, nous exprimons nos émotions et nos besoins, nous avons développé une écoute plus attentive des enfants. Grâce à un matériel pédagogique spécifique riche nous pouvons poursuivre de manière autonome avec nos classes à venir, ce qui a été travaillé durant la formation Nous nous sentons mieux outillées pour aborder l’enfant qui «agresse» et celui qui se sens «agressé» Elle nous a permis d’être attentif à l’écoute de soi. Nous nous sentons plus calme et plus sereine face aux enfants car nous avons d’autres solutions que de se fâcher face aux comportements difficiles.
Cette formation a permis aux enfants[modifier]
de résoudre de manière plus autonome leurs conflits (sans intervention de l’adulte) par une prise de conscience et l’expression de leurs émotions et de leurs besoins, une écoute et un respect de soi et de l’autre, une discussion différente avec les copains, une recherche active de solutions pour résoudre les conflits. Ils utilisent régulièrement le matériel et les espaces ouverts dans ma classe pour les aider à s’écouter et à se parler. Par conséquent, ils échangent plus souvent verbalement au lieu de se donner des coups.
Ce qui a été modifié dans la classe :[modifier]
On prend maintenant le temps de se dire et de s’écouter. Nous constatons qu’un enfant que l’on écoute, à qui l’on donne de l’attention se sent beaucoup mieux dans son corps, dans son cœur, travaille mieux et est plus disponible. Les enfants utilisent fréquemment le coin discussion pour se parler, gérer un problème, ou écouter un enfant qui ne va pas bien. Dans ce coin, il y a à leur disposition les marionnettes des émotions, la boussole des sentiments et les cartes imagées des besoins. Avec les enfants, nous avons réalisé un panneau pour clarifier ce qui est permis et interdit. Dans le couloir il y a un coussin mousse que l’on peut frapper pour décharger ses tensions. Nous avons deux fardes : une où on dessine son problème, comment on se sent, ce qu’on aimerait et l’autre où l’on représente nos petits bonheurs et notre émotion de l’instant. Des temps de relaxation et de yoga, avec ou sans musique, sont proposés. Il y a aussi un coin massage, avec un tapis, des coussins et différents ustensiles. Après nous être exprimées, dans certaine situations, nous demandons à l’enfant ce qu’il a compris de ce que nous avons exprimé. Cela nous aide à voir si nous avons été claires et si notre message est passé.
Ce qui a favorisé l’intégration du processus[modifier]
C’est d’abord notre motivation, ainsi que d’y voir le sens . Ensuite, c’est encourageant de constater qu’on trouve les bons mots, les paroles qui aident à régler les conflits et à discuter. De voir aussi les enfants qui changent. Le fait que la formation soit étalée sur trois ans, nous permet d’avancer à notre rythme. Le soutien et le dynamisme de la formatrice ainsi qu’une diversités d’activités proposées en fonctions de l’âge. Il est important en tant qu’institutrice de ressentir et vivre le processus pour le transmette aux enfants. Cela devient peu à peu naturel : c’est une façon d’être, c’est un tout.
Quelques moments forts vécus durant la formation :[modifier]
- Le calme et le respect qui règne quand un enfants parle de ses émotions et de ses besoins
- Lors d’un massage à deux, un enfant très difficile (qui maitrise peu ses geste) a effectué un massage à un autre avec une grande douceur et avec beaucoup de respect.
- Pour un enfants en grande souffrance, de pouvoir exprimer sa colère par le dessin et de constater son apaisement et son soulagement qui ont suivi.
- De voir la satisfaction de l’enfant qui a pu être entendu.
- De constater beaucoup moins d’agressivité et de violence physique entre eux, la parole prend plus de place.
- D’être moins sollicitée, les enfants se parlent directement entre eux.
- De les voir se prendre par la main pour aller régler leurs différends dans le coin discussions. Le plus souvent, ils reviennent et me disent « madame on est plus fâché maintenant ».
- D’ avoir eu la chance de participer à cette formation pendant trois ans. Je l’ai commencée quand j’avais une troisième maternelle. J’avais dans cette classe un petit garçon assez mal dans sa peau, qui parlait régulièrement de façon négative de lui. Il se disait nul, bête, méchant et même des fois qu’il voulait mourir, qu’il en avait marre…Cet enfant était suivi en dehors de l’école. Il était très intelligent, il parlait très bien et savait en jouer. Il aimait attirer l’attention sur lui mais c’était, malheureusement, souvent de façon négative (violence verbale, comportement agressif, perturbation dans la classe, repli sur lui-même). Il arrivait régulièrement qu’il ne participe pas à une activité par frustration (une remarque quelconque d’un enfant ou de moi-même, une difficulté rencontrée dans l’activité proprement dite…).
Cet enfant demandait beaucoup de temps, d’attention, d’énergie dans une classe et il est vrai que par moment je préférais l’ignorer et le laisser « râler » dans son coin, ou même j’exigeais de lui un autre comportement sans vraiment prendre le temps de l’écouter. Je crois, avec du recul, que ma réaction était liée à une certaine lassitude face à cet enfant et maintenant j’en suis convaincue, aussi un manque de compréhension de lui et de ses émotions, vu qu’il ne savait pas exprimer lui-même ses besoins.
Le travail réalisé, cette année avec Muriel (la formatrice), dans ma classe, a été révélateur par rapport à cet enfant. Le fait d’apprendre ensemble à s’écouter, de prendre le temps de dire comment on se sentait, de raconter des situations personnelles, de respecter les besoins de chacun, d’essayer de trouver des solutions ensemble… a permis à ce petit garçon de gérer beaucoup mieux ses moments de difficultés. Je me rappelle qu’il arrivait que, par lui-même, il me demandait de pouvoir se calmer un petit peu dans le couloir, tout seul, car il sentait qu’il était trop énervé pour rester au sein du groupe classe. Quand il se sentait mieux, il revenait participer à la vie de la classe (un sourire, un regard ou une petite phrase pour se montrer qu’on faisait attention l’un à l’autre et la journée continuait sans crise, sans énervement et surtout dans le respect de chacun…). Je me rappelle aussi d’un moment où il ne voulait plus participer à l’activité, se disant en colère, très fâché, boudant les bras croisés. Muriel lui a proposé, s’il en avait envie, de dessiner cette colère pendant que nous continuerions l’activité. Je crois qu’il s’est senti écouté et respecté. Il a directement accepté et, dans le calme, s’est retiré pour faire son dessin. Par la suite, en fin d’activité, il a eu envie de s’exprimer quant à son dessin (une tête de mort, des points d’interrogation, un gros visage colorié tout en rouge, des éclairs…) Je ne suis pas psychanalyste, mais il était clair qu’il avait pu décharger toute sa colère au travers de son dessin et d’ailleurs il avait retrouvé le sourire et le calme.
Cette même année, il y avait aussi une petite fille très timide et réservée qui ne semblait pas épanouie. Je la voyais rarement sourire, mais lors de l’utilisation des boussoles des émotions (moments où les enfants montraient les petits visages exprimant leurs émotions de l’instant), elle rayonnait et était impatiente de pouvoir montrer aux autres comment elle se sentait. Elle n’avait jamais envie d’expliquer le pourquoi de ses émotions, mais elle souriait quand elle montrait les illustrations qui les représentaient. Petit à petit, elle s’est ouverte aux autres et semblait mieux trouver sa place dans la classe.
L’année scolaire qui a suivi, j’avais une division inférieure. Beaucoup d’enfants ne parlaient pas encore, certains ne comprenaient pas le français et de ce fait il y avait un problème de compréhension entre nous. Je me demandais comment nous pourrions apprendre à communiquer ensemble, à « parler » de nos émotions, de nos besoins dans ces conditions. J’ai trouvé tous ces moments de questionnement, de recherches, d’essais très enrichissants. C’est en adaptant les façons de faire qu’on s’enrichit réellement, à mon sens. Les moments forts de cette année furent pour moi l’utilisation des poupées des émotions, de pouvoir voir ces enfants s’exprimer au travers d’une poupée représentant leur émotion ressentie. La communication, au début, était non verbale, mais c’était bien un moyen de se faire comprendre, de partager ses émotions.
Cette année (troisième année de ma formation), je suis « montée » avec ma classe. J’ai donc eu une division moyenne. Ces enfants bénéficièrent de leur seconde année d’animation avec la communication non violente. C’est avec beaucoup de plaisir que je vois l’évolution de cette classe…Tous ensemble, nous partageons beaucoup de moments forts, tels que des discussions, des massages… C’est une réelle fierté, pour moi, de les entendre parler de besoins, de « comment ils se sentent », de les voir aller de façon autonome, discuter de leur conflit, dans le coin destiné à cet effet, de les voir assis sur le tapis occupés à se masser, à se « faire du bien », à demander à l’autre, s’il aime bien…
Cette année, j’ai un enfant décelé comme étant hyperactif, et malgré ce que cela a engendré (problèmes de comportement, de concentration, d’agressivité…), cet enfant s’est adapté rapidement à la classe. Il maitrise très bien le français et, grâce aux animations, il arrive à exprimer certains de ses besoins. Il n’est pas rare qu’il dise avoir besoin d’un câlin ou d’un massage, ce que je lui offre, si le moment s’y prête pour moi aussi. Actuellement, il lui arrive d’en faire autant avec les enfants : il demande… il reçoit… il donne… Quand je vois leur autonomie face à leurs besoins, je me dis récolter les bienfaits de cette formation. Bien sûr, tous les enfants ne sont pas au même stade et les disputes avec violence physique et verbale existent toujours, mais les enfants apprennent petit à petit qu’il existe une autre manière de se faire entendre.