La joie d'être père (ou mère)/Intro
J’ai du faire un gros travail sur plusieurs mois pour recouvrer mon sang-froid et lutter contre mes peurs avant de pouvoir répondre « oui », suivi par un tout aussi gros travail de préparation pour l’arrivée du bonhomme (je vous parlerais d’haptonomie à l’occasion). Bref, à la naissance de Titouan (26 octobre 2006), j’avais recouvré mes esprits et j’étais prêt. Et c’est là que j’ai vraiment basculé dans un autre espace-temps …
Et vous savez quoi ? Il est quand même vachement plein de vie et merveilleux cet espace-temps là ! Ceux qui sont parents ou qui ont des parents et bouts de chou parmi leurs proches (bref, normalement à peu près tout le monde) doivent se dire « il exagère quand même un peu. Les enfants, c’est vrai que c’est du bonheur, mais ce n’est pas rose tous les jours, il y a beaucoup de contraintes et par moment c’est carrément l’horreur ».
Pour citer Thomas d’Asembourg « Etre heureux n’est pas nécessairement confortable ». Oui, c’est vrai qu’avoir un enfant n’est pas toujours confortable. En même temps j’ai envie de témoigner que je suis profondément heureux que Titouan soit entré dans ma vie et j’ai également envie de partager avec d’autres parents, grands-parents ou futurs parents, des pistes et expériences qui me permettent de limiter la fréquence ou l’intensité de l’inconfort. Ces pistes doivent beaucoup à la démarche CNV (Communication Non Violente) mise au point par Marshall Rosenberg. J’essaie de m’en inspirer, sans prétendre toutefois la maîtriser ou être forcément capable de la mettre systématiquement en œuvre. Les anecdotes que je rapporte ne s’y rattachent pas forcément à lettre, mais j’essaie que l’esprit soit présent. Si les exemples que je vous propose vous inspirent, je vous invite à approfondir cette démarche soit au travers de la lecture des ouvrages cités en biographie, soit en contactant des personnes à même de transmettre cette méthode.
Un participant à un stage de CNV, père de 2 enfants, m’a donné ma première clé :
- « Un enfant est un être humain comme un autre. Il possède simplement une expérience plus limitée. »
Un auteur m’a donné ma deuxième clé :
- «Un enfant n’agit pas pour le plaisir de vous contrarier ou de faire des bêtises, mais dans le but de nourrir ses besoins profonds comme, par exemple, apprendre, découvrir, se nourrir ou jouer »
Sur ce dernier point, l’anecdote Le tiroir à chaussettes (7 mois) me semble être la plus explicite et représentative.
Sur la base de ces deux clés, ma vision d’« éduquer mon enfant » pourrait être résumée par « utiliser mon expérience pour aider au mieux de mes capacités un jeune être humain à nourrir ses besoins, dans le respect de ceux de son entourage, pour atteindre son plein potentiel de développement ».
C’est sans doute une jolie phrase (enfin j’espère que c’est ce que vous vous dites), mais comment cela m’aide-t-il face à un bambin dont le vocabulaire au démarrage n’atteint même pas le « areu – areu » ?
C’est ce que j’ai voulu illustrer à travers quelques moments clés et représentatifs de la relation que je construis avec Titouan.
Quelques dernières précautions épistolaires en préambule :
- La quasi-totalité des anecdotes que je raconte m’apparaissent « trop belles pour être vraies », peut-être est-ce simplement dû à mon inexpérience dans le développement des enfants, peut-être que d’autres personnes les trouveront tout aussi incroyables que moi. Toutes sont vraies.
- Le temps de l’écriture, et de la lecture, est lent et long par rapport à la durée réelle de l’action qui est le plus souvent inférieure à la minute, voire à quelques secondes. En même temps, il me semble éclairant d’indiquer les moteurs et enchainements de pensées ou sentiments qui m’amènent à telle ou telle proposition. Dans la réalité, ils relèvent plus de l’intuition et du bouillonnement intérieur que du raisonnement construit.
- Si vous ne pratiquez pas la CNV, les dialogues que je retranscris ici peuvent vous apparaitre très littéraires voire tarabiscotés et dans tous les cas incompréhensibles et donc inadaptés pour parler à un enfant au vocabulaire limité voire inexistant. Ils sont pourtant le reflet, aussi fidèle que ma mémoire le permet, de ceux que j’ai avec Titouan.
- J’indique pour chaque anecdote l’âge approximatif de Titouan à ce moment là. Ma conviction est qu’une démarche semblable est possible à quasiment tous les âges et qu’elle a d’autant plus de chance d’aboutir qu’elle est constante et commence dès la naissance de l’enfant (voir avant).