Utilisatrice:FlodeElfe
Voilà maintenant un peu plus de six ans que j’ai « rencontré » la Communication NonViolente. Cette technique de communication a vraiment amélioré ma pratique professionnelle en la rendant plus efficace, plus claire, plus fluide, plus inventive. Mais pour moi, la CNV est aussi une véritable philosophie et a modifié ma façon d’être CPE.
Une technique de communication efficace et sécurisante
Communiquer comporte deux temps, écouter et s’exprimer.
La CNV m’a permis de mettre en place une écoute vraiment empathique, vis-à-vis des élèves, des parents, et de tous les collègues. L’écoute CNV permet effectivement de distinguer très nettement dans un échange ce qui m’appartient, de ce qui est à l’autre. Cette écoute ne constitue pas une approbation de ce qui a pu être dit ou fait par mon interlocuteur, c’est un accueil bienveillant qui va lui permettre de prendre sa responsabilité. J’ai, par exemple, convenu avec les élèves prompts à se mettre en colère de venir « exploser » dans mon bureau au lieu de le faire en cours. A la fin de l’entretien – où je n’ai fait que les écouter plus ou moins activement – ils sont calmes, plus conscients de leur responsabilité dans ce qui s’est passé et donc plus aptes à trouver des solutions. Parfois cette seule phase d’expression suffit, parfois, cela leur donne une base pour entamer un vrai dialogue avec quelqu’un d’autre. Cette forme d’écoute est aussi très sécurisante. Elle permet par exemple d’accueillir avec sérénité l’agressivité des autres car l’outil CNV permet d’accéder à ce qui est caché derrière cette colère. Je me souviens par exemple d’un récent entretien avec une mère d’élève qui est arrivée « avec l’envie d’en coller une» à un professeur et qui a finalement pu dire quelle souffrance était la sienne car elle doutait de ses qualités de mère et de l’éducation qu’elle donnait à son enfant.
Mais la Communication NonViolente est aussi, et même d’abord, un formidable moyen d’expression. Elle ne consiste pas en effet - comme on le pense souvent - à être gentil, mais à être vrai. Avec des collègues ou mes supérieurs hiérarchiques, la CNV me permet partager vraiment les difficultés que je vis. Elle contribue aussi à ce que je sois claire et précise dans mes demandes, qui sont de ce fait plus souvent prises en compte. Elaborer et rédiger un projet devient à la fois plus facile et plus efficace. Avec les élèves, la CNV a l’avantage de contribuer à donner du sens aux demandes que nous pouvons faire. Elle peut même permettre de construire ensemble des règles de vie, l’exploration des besoins permettant d’arriver à des stratégies plus adaptées et aussi plus inventives et en tout cas mieux respectées Lorsque l’on met en œuvre la CNV à la fois dans l’écoute et l’expression, on découvre que la Communication NonViolente est évidemment un outil extrêmement performant de médiation.
Enfin, je trouve cette technique de communication simple à partager et à pratiquer avec les élèves. Je peux transmettre ainsi tout ou partie de cette technique lors d’une médiation, d’une heure vie de classe, en formation de délégué, lors de la construction d’un projet.
Une véritable philosophie qui change subtilement mais sensiblement notre positionnement
Mais la vraie richesse de la CNV réside pour moi dans le changement de point de vue qu’elle offre. Tout d’abord, grâce à la communication NonViolente je m’autorise à être ce que je suis à cet instant et à l’accepter. Ainsi, je ne suis pas toujours prête à offrir une écoute empathique car cela demande beaucoup de disponibilité. Donc si je ne me sens pas en mesure de le faire au moment où on me sollicite, je propose un autre moment.
Ensuite, pratiquer la CNV signifie que je prends la responsabilité ce que je vis. Si une situation est difficile et source de souffrance, ce n’est pas la faute de l’Autre, ou du « Système ». C’est moi qui la vis douloureusement. C’est une vision très responsabilisante, mais qui me rend aussi le pouvoir de changer les choses. A l’inverse, la colère de l’Autre et son agressivité sont, et pour les mêmes raisons, devenues plus faciles à vivre même lorsqu’elles s’expriment directement contre moi. Si je me place dans le cadre d’une médiation, la CNV permet d’accueillir chacun de manière égale sans penser en termes moralisateurs, de méchant/gentil par exemple.
La CNV signifie enfin que je renonce à avoir raison et à changer l’autre. Car ce qui est important ce n’est pas d’avoir le dernier mot mais de prendre soin de la relation. Or, c’est une proposition plutôt incroyable si je l’applique aux élèves ! Car cela veut dire que je renonce bien sur à juger et évaluer, mais aussi à questionner et conseiller, ou même à soutenir et rassurer. Cela implique par ailleurs que dans une médiation, les deux membres auront droit à la même écoute de ma part, par exemple le professeur et l’élève.
Tout cela pourrait sembler dangereux, difficile à vivre. Quant à moi, cela m’a permis d’accéder à un positionnement qui me semble plus juste et donc à plus de clarté et de sécurité. Quant à mes interlocuteurs ils me paraissent assez contents du nouveau type de relation que je leur offre.