Utilisateur:EstelleB/Parent d'élève … une action possible au-delà de la buvette du spectacle ?
Juin 2013
Une maman de l'école où je suis déléguée de parents d'élèves me remet un courrier où elle témoigne de son indignation, stimulée par la différence entre la version initiale du récit d'un événement vécu par son enfant porteur d'une trisomie 21, et la version finale. Entre les 2 ? suppression des interprétations, retour aux faits, rien qu'aux faits.
Cet événement révèle pour elle des problèmes de communication au sein de le personnel municipal qui gère le temps cantine, et aussi entre cette équipe et l'équipe de professeurs.
Les premiers enfants à pâtir de ce manque de communication sont les enfants de la CLIS.
Et c'est le bien-être de l'ensemble de ces enfants qui l'a poussée à écrire ce courrier, pour que quelque chose change.
Quelque chose … quoi précisément ?
Elle aimerait que tous les acteurs de l'école prennent leur responsabilité en matière d'intégration des enfants différents, pour que l'intégration ne soit pas qu'un vain mot.
Inclure n'est pas forcément faire participer, pas forcément de la même façon que les autres.
Elle est par exemple étonnée d'entendre encore (au bout de la 4ème année d'école) des questions d'enfants de l'école sur "qu'est-ce qu'il a, ton fils ?", et elle se demande comment les enfants de la CLIS sont présentés aux autres.
Du coup, elle s'interroge aussi sur le projet d'école : quelle place pour les enfants de la CLIS ? quelle relation entre eux et les autres ?
Elle repère des enjeux en matière de :
- sensibilisation à l'intégration des enfants différents,
- de formation vraisemblablement,
- et déjà, d'échanges entre les acteurs concernés.
Elle aspire à une réelle prise en compte de la différence à l'école.
Pour ma part, j'estime que les enfants de la CLIS sont effectivement les premiers à pâtir de cette organisation du temps à l'école et de cette alternance entre 2 équipes.
Les premiers, les plus fortement peut-être aussi, mais pas les seuls.
Tous les enfants peuvent assister, voire participer :
- à des jeux inspirés par la loi du plus fort,
- entendre des jugements tranchés sur eux-mêmes ou autres,
- ou encore des interprétations sur ce qu'ils vivent vraiment.
Moi, je rêve de contribuer à construire un monde où la bienveillance et la coopération se vivent concrètement à l'école.
En classe ET dans la cour de récré ...
Et ça passe bien sûr par de nombreux changements !
L'un d'eux pourrait être une animation des temps cantine axée sur l'apprentissage de la bienveillance et de la coopération.
Dans le cadre du projet de réorganisation des temps scolaires, je me dis qu'il est temps de tenter une concertation sur ces questions de fond :
- quel genre d'intégration voulons-nous pour les plus vulnérables de nos enfants ?
- quel genre d'animation voulons-nous pour tous nos enfants ?
J'ai l'élan de proposer ces sujets au prochain conseil d'école. D'oser ramener ma fraise.
J'ai aussi très envie de le faire d'une façon entendable pour mes interlocuteurs, dans le respect de leurs besoins …
Et je constate que je suis contente, vraiment, d'avoir pu écouter cette maman hier.
Ça m'a mise en lien avec elle et son fils.
Et aussi avec le sens profond qu'a pour moi l'élan d'être déléguée : soutenir un parent, faire le lien avec l'équipe éducative, et contribuer au changement de monde dont je rêve, avec ma goutte d'eau du moment.